PARIS [25.11.16] - Entre Madame Tussauds et les Beaux-Arts, Liebermann et Nolde, sans oublier Rubens, Arte et Histoire font le plein d'art. La radio, elle, tisse des liens autour de Matisse.
Ce week-end s'annonce riche en émissions culturelles. Deux se succèderont, samedi, sur la chaîne Histoire. La première est consacrée à Rubens; la seconde, à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Et Waldemar Januszczak de s'attaquer, dès 20h40, à un nouveau monument de l'histoire de l'art. S'attaquer, au sens figuré, puisque le critique britannique se fait l'avocat du maître flamand. « Je suis un admirateur de Rubens. L'objectif est de tous vous convertir ». Le présentateur dispose d'une heure pour démonter les arguments de William Blake, Thomas Eakins, et Picasso, dont les propos ont été imprimés sur des fiches cartonnées. Ces fiches, il les déchire à mesure qu'il vante les audaces de son idole. En somme, « vive la cellulite », les couleurs et les poses dites respectivement « criardes » et « ridicules » ! Airs de clavecins et musique pop alternent en toile de fond, comme pour accuser la modernité de Rubens. Nombreux sont, surtout, les gros plans sur ses œuvres.
S'ensuit, à 21h40, un reportage moins scolaire qu'il n'en a l'air. S'il retrace l'histoire de l'École des Beaux-Arts de Paris, il ne consiste pas tant en un récit chronologique qu'en une visite guidée. Interviews, plans d'ensemble, et documents d'archives s'articulent autour d'une carte qui reparaît à l'écran, chaque fois qu'il est question d'un nouveau bâtiment. L'espace abordé se colore alors. Ce découpage offre une vision très nette de la géographie des Beaux-Arts que certains qualifient encore de « labyrinthe ». La Chapelle des louanges, la Cour des Loges, le Palais des Études… Chacun de ces « chapitres » oscille entre passé et présent, pour aboutir au même constat : autrefois, les avant-gardes inspiraient le mépris ; aujourd'hui, il ne faut surtout pas passer à côté. Ce va et vient temporel n'a rien de déroutant. Au contraire, c'est lui qui rythme l'émission.
Parallèlement, à partir de 20h50, « L'étonnante histoire de Madame Tussauds et de ses théâtres de cire » se verra relatée sur Arte. Ce documentaire a le mérite de se concentrer sur le savoir-faire de cette artiste sacrée reine du show business. Avant de devenir une femme d'affaires hors pair, une épouse insoumise, et une mère autoritaire, Marie Tussauds, née Grosholtz, fut une talentueuse apprentie. Elle s'initia à la sculpture sur cire auprès de son oncle, Philippe Curtius, avant de former ses deux fils, « qu'elle traitait comme des esclaves ». Les dialogues imaginés entre les membres de cette affaire familiale frôlent le ridicule. S'il s'agissait d'évoquer le milieu théâtral où finit par évoluer la modeleuse, le réalisateur aurait mieux fait de s'en tenir aux ombres chinoises, employées en première partie. Ce sont surtout les témoignages d'experts et les scènes d'atelier qui contribuent à redorer le blason de celle dont le nom désigne, aujourd'hui, l'une des principales attractions touristiques de Londres.
Dimanche, à 17h25, la série « Les grands duels de l'art » revient sur Arte avec un nouveau couple, Liebermann contre Nolde. En 1909, le premier s'insurgea contre La Pentecôte de son contemporain. « Ils ne se sont jamais revus après ». Autrement dit, la querelle qui opposa les deux artistes n'était pas une raison suffisante pour les rapprocher. Le parallèle entre ces « deux adversaires » est plutôt le prétexte d'une enquête approfondie sur le contexte de la Sécession allemande. Le propos est clair, quoique le débit de la voix off demande une grande concentration. On a vite fait de perdre de le fil, de confondre l'impressionniste avec l'expressionniste. Certaines animations, réalisées à partir de clichés en noir et blanc, permettent heureusement de s'y retrouver.
Sur France Culture, Jean de Loisy, Armand Jalut et Éric de Chassey échangent sur la Desserte rouge d'Henri Matisse. Apparemment « difficile à décrire » et « difficile à comprendre », cette toile inspire au président du Palais de Tokyo une brillante analyse ; et à l'artiste, des comparaisons musicales. Quant au directeur général de l'INHA, il se place du point de vue du peintre, pour qui l'œuvre fut « difficile à composer » ; Chtchoukine (*) – dont tous trois écorchent le nom – lui demanda de remplacer son fond bleu par un fond rouge. L'évocation de ces écueils nourrit un débat enrichissant. À écouter dimanche, entre 14h et 15h.
(*) « Chtchoukine » se prononce en réalité « Chioukine » (cf. notre sélection du 28.10.2016)
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TV / Radio : la sélection du JdA - 25 novembre 2016
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- Eric de Chassey
- Jean de Loisy
Légende Photo :
Pierre Paul Rubens (1577-1640), Triptyque La Descente de Croix, Cathédrale Notre-Dame d'Anvers © photo Ludosane, mai 2016