Tintoret, Jupiter à Venise

Son inventivité se manifeste déjà dans Le Labyrinthe de l’amour, un tableau qui lui est désormais attribué, rarement exposé et prêté par la reine d’Angleterre, et dans La Conversion de Paul, œuvre réalisée à vingt ans. Sa manière, c’est l’audace des perspectives, des raccourcis, des coloris, des contrastes. Il privilégie l’apesanteur du di sotto in su qui accroît la tension narrative des scènes. Devant sa capacité à tout oser et à tout réussir, Marco Boschini, le Vasari vénitien, appela Tintoret « le Jupiter de la peinture ». Il mettra par la suite sa fougue au service des Scuole, les confréries locales, et des Doges. Les recherches récentes ont permis de voir que Tintoret, pour saisir au mieux la troisième dimension, s’appuyait sur la statuaire (Saint Louis, saint Georges et la princesse, 1553). On sait aussi qu’il disposait d’un atelier actif dans lequel s’imposa le peintre bergamasque Giovanni Galeazzi, à qui plusieurs tableaux ont été concédés. À côté de la hardiesse des dessins, les portraits à l’huile présentés en fin de parcours paraissent très classiques. Metteur en scène exaltant les formes avec la seule lumière, Tintoret propose toujours des expériences visuelles. Aujourd’hui comme à son époque.