Stabilité et opacité du budget de la Culture pour 2011

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 30 septembre 2010 - 683 mots

PARIS [30.09.2010] – Le budget global de la Culture ne devrait pas trop souffrir en 2011. Mais l’opacité des documents fournis ne permet pas d’analyser finement les arbitrages consentis pour financer le MUCEM et le Palais de Tokyo.

On s’y attendait depuis les annonces de François Baroin, à l’été : dans ses grandes masses le budget de la Culture en 2011 sera peu ou prou le même qu’en 2010. Il est ainsi prévu que les crédits de paiement (CP) de la mission Culture (2,81 milliards d’euros) augmentent de 1,06 %, soit une légère baisse si on tient compte de l’inflation.

La mission Communication (Livre, presse et audiovisuel) est un peux mieux lotie, avec une croissance de 2,8 % des CP (4,67 milliards d’euros), ce qui permet d’afficher une hausse globale du budget du ministère de 2,1 %

La stabilité du budget de la Culture est en ligne avec l’augmentation de 1,2 % du budget de l’Etat, dans le contexte de rigueur que l’on connaît. Il est cependant d’autant plus facile de « sanctuariser » le budget de la Culture que 1 % de ce budget pèse 28 millions d’euros quand 1 % du budget de l’enseignement scolaire, par exemple, pèse 620 millions.

Comment financer le MUCEM et le Palais de Tokyo ?
L’équation budgétaire est toujours la même : sachant que 80 à 90 % des dépenses sont fixes, comment financer les nouveaux équipements. Cette année, l’équation relève du casse-tête, car il faut à la fois terminer certains équipements, les archives à Pierrefitte (49 millions d’euros), le schéma directeur de Versailles, le Quadrilatère Richelieu, et passer à la vitesse supérieure pour deux lieux sensibles : le MUCEM et le Palais de Tokyo. Le temps presse pour le MUCEM de Marseille qui doit être prêt pour 2013, son budget passe de 11,7 millions d’euros à 34 millions. Côté art contemporain, L’Etat aimerait bien ouvrir un nouveau lieu en 2012 (!). Ce sera le Palais de Tokyo dont le budget augmente de 1,5 à 14,5 millions d’euros.

Comment dans ces conditions, financer ces 35 millions supplémentaires : en rabotant les lignes ici et là. Les crédits d’acquisition d’œuvres baissent de 3 millions, les budgets des grands musées baissent de 5 %, (comme ceux des 583 opérateurs de l’Etat), les dépenses de l’administration centrale diminuent de 5 %.

Un budget opaque
Mais dans le détail, il est quasiment impossible de comprendre les choix du ministre. Non seulement la nouvelle maquette budgétaire rend difficile les comparaisons avec le budget précédent (il ressort cependant que le Réalisé 2010 est plus ou moins égal au Budget 2010), mais cette année, le ministère a été particulièrement chiche en informations. En revanche il reste généreux quand il s’agit de trompeter des taux de croissance... sans indiquer les bases qui soutiennent ces taux.

Ainsi le ministère a annoncé quelques jours auparavant un Plan Musée de 70 millions en 3 ans. On sait que 25 millions y seront consacrés en 2011, mais on ne connaît pas le détail des 363 autres millions du programme Patrimoine.

Aucun budget n’est communiqué pour la Maison de l’histoire de France, ni pour la Philharmonie de Paris pour laquelle le ministre semblait inquiet.

Etonnamment les dépenses de personnel du ministère augmentent de 1,9 %, alors que selon Bercy 93 postes devraient être supprimés (en Equivalent Temps Plein) pour atteindre 11 132 postes.

Un ministre fatigué
C’est un ministre tendu, les traits tirés, bien que légèrement halé, souvent abrupt avec les journalistes, qui a présenté les grandes lignes de son « bon budget ». La salle était nettement moins remplie que l’an dernier.

Il a notamment confirmé que le « Rabot des niches fiscales » ne concernait que la réduction d’impôt au titre des travaux de conservation ou de restauration d’objets mobiliers classés et la Réduction d’impôt au titre des dépenses supportées en vue de la restauration complète d’un immeuble bâti (réduction « Malraux »). Les documents mis à disposition par Bercy ne font pas état d’un coup de rabot sur la défiscalisation du mécénat, une menace qui inquiétait fort les professionnels.

C’est peut-être la seule bonne nouvelle de ce budget 2011.

Légende photo

La friche au niveau inférieur du Palais de Tokyo - septembre 2010 © Photo Ludosane

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