NEW YORK (ÉTATS-UNIS) [28.12.11] – Après trois mois d’existence, Occupy Wall Street s’apprête à faire son entrée au musée. Plusieurs institutions rassemblent depuis des semaines les archives de ce mouvement protestataire et une exposition est prévue prochainement dans un musée de New York.
Pour que le désormais célèbre slogan « We are the 99 % ! » ne soit pas le seul à rester dans les mémoires, plusieurs musées et institutions américaines ont entrepris de collecter les archives du mouvement Occupy Wall Street. Badges, pancartes, posters, documents divers… Des organisations telles que la Smithsonian Institution ou la New York Historical Society rassemblent les objets utilisés par les manifestants. Ces témoignages physiques ne suffisent cependant pas à rendre compte d’un mouvement amplement relayé via internet. Collection numérique d’un genre nouveau, des sites web et des centaines de tweets ont donc également été archivés, notamment grâce à OccupyArchive.org. Le site a été lancé mi-octobre par un centre de recherche de la George Mason University et compile aujourd’hui 2 500 éléments liés au mouvement, du site web aux photos diffusées sur Flickr.
« Occupy est sexy », explique Ben Alexander à Associated Press. Ce responsable de collection et des archives au Queens College de New York poursuit : « Ça sonne branché. Beaucoup de gens veulent y être associés ». Un succès populaire qui vaudra au mouvement sa première exposition au Museum of the City of New York le mois prochain. Cette muséification précoce ne risque-t-elle pas de nuire au mouvement, déjà en perte de vitesse ? Les responsables des collections assurent qu’il n’est pas trop tôt pour préserver ce patrimoine protestataire, « avant qu’il ne disparaisse ».
Les manifestants ont cependant pris les devants. Par crainte que les institutions établies ne formatent la courte histoire de leur mouvement, ces derniers ont créé leur propre groupe de travail dédié aux archives. Ils ont d’ores et déjà mis de côté de nombreuses revues, pancartes et flyers. Approché par les musées pour des demandes de prêts ou d’acquisition, le groupe a décidé de donner sa collection à la Tamiment Library de l’université de New York, qui possède déjà un fonds important sur les mouvements protestataires américains.
Cet intérêt pour les indignés new-yorkais est pointé du doigt par les conservateurs. Ils condamnent le choix de la Smithsonian Institution de documenter Occupy Wall Street et accusent l’établissement de réaliser « un panneau publicitaire payé par le contribuable » et non « une collecte historique rigoureuse ». La Smithsonian a rétorqué s’être également intéressée aux manifestations du Tea Party contre les réformes du système de santé, en mars dernier.
Les institutions reconnaissent cependant la contradiction inhérente à cet archivage instantané. La directrice de la bibliothèque de la New York Historical Society l’admet, « il y a probablement des gens dans Occupy Wall Street dont le dernier souhait est de voir leurs documents dans une bibliothèque ou un musée ». Sa bibliothèque rassemble aujourd’hui entre 300 et 400 documents liés aux manifestations.
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Occupy Wall Street entre au musée
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Abonnez-vous dès 1 €Manifestants du mouvement Occupy Wall Street - © photo Todd Blaisdell - 2011 - Licence CC BY-ND 2.0