VITERBE (ITALIE) [07.12.17] — La disparition du peintre Enrico Castellani, à l’âge de 87 ans a été annoncée par sa galerie londonienne Lévy Gorvy. Il s'est éteint le 1er décembre, laissant derrière lui une œuvre qui a marqué le XXe siècle. Ses Superfici monochromes sont des icônes du minimalisme, dont les prix s'envolent sur le marché.
Enrico Castellani n'était rien de moins que « le père du minimalisme » pour Donald Judd, — l'un des acteurs du mouvement —, ainsi qu'il l'écrivit dans son manifeste Specific Objects publié en 1965. La carrière du peintre italien, qui vient de disparaître à l’âge de 87 ans, est sans conteste marquée par son affiliation aux avant-gardes du XXe siècle.
Après s'être formé à la sculpture et à l'architecture en Belgique, son diplôme des beaux-arts en poche, il s'implique dans la nouvelle scène artistique milanaise. Sa carrière débute alors, à la fin des années 1950. Castellani s'est un temps rapproché du groupe ZERO, fondé à Düsseldorf par Heinz Mack et Otto Piene en 1958. Les artistes qui le composent de manière fluctuante jusqu'à sa dissolution en 1967 se retrouvent dans leur rejet de l'expressionnisme abstrait américain qui dominait le monde de l'art à ce moment. Tous explorèrent les notions d'espace, de temps et de lumière dans leurs réalisations, communes ou singulières.
En Italie, il se lie d'amitié avec Lucio Fontana, Agostino Bonalumi et Piero Manzoni. En 1959, il ouvrait avec ce dernier la galerie Azimuth. Une revue éponyme fut publiée au moment de son ouverture. Elle fut la première à montrer des images des Combine paintings de Robert Rauschenberg et des Targets de Jasper Johns. Éphémère, la galerie fait pourtant partie de ces expériences notables de l'époque. Elle accueillit les premiers Superfici de Castellani. La formule de ces « Surfaces » mise au point en 1959 allait devenir sa marque de fabrique : toiles monochromes avec des clous plantés à l'intérieur du châssis, leur conférant leur tridimensionnalité. Jouant avec l'espace, l'ombre et la lumière, il déclinera son processus de création durant des décennies, variant les couleurs. Il explorera en parallèle la plasticité de matières telles que la soie. À la croisée de la sculpture et de la peinture, l'artiste développe un style poétique et précis avec ses « extra-flexions rythmiques ».
La galerie Tornabuoni Art présentait en 2011 une exposition personnelle du peintre qui l'a mieux fait connaître auprès du public parisien. Les visiteurs purent y observer son célèbre Dittico Rosso (Diptyque rouge) de 1963, présenté à la Biennale de Venise de 1964. Enrico Castellani fut régulièrement l'invité de la manifestation d'art contemporain et en 1966 une salle entière lui était consacrée. En 2010, il reçoit le Praemium Imperiale, l'équivalent de Nobel dans le monde des arts. Sur le marché, ses œuvres sont parmi les plus cotées du XXe siècle italien. Elles peuvent atteindre le million de dollars. En 2014, Superfici Bianca de 1967 était adjugé chez Sotheby's à plus de 4 millions d'euros.
Enrico Castellani est considéré comme un pionnier qui a inspiré nombre d'artistes à sa suite. Ainsi Bernard Blistène dira de lui à l'occasion de l'exposition parisienne de 2011 qu'il est « l'artiste qui a fait la synthèse des expériences esthétiques des années 60 de part et d'autre de l'Atlantique. »
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Décès d'Enrico Castellani, pionnier du minimalisme
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Enrico Castellani en 2011 © Photo Archivio Enrico Castellani - 2011 - Licence CC BY-NC-ND 3.0