LONDRES (ROYAUME-UNI) [03.03.17] – L’inventeur de « l’art auto-destructif » Gustav Metzger s’est éteint à Londres à l’âge de 90 ans. Peu connue du grand public, son œuvre a pourtant influencé toute une génération d’artistes.
Sauvé par miracle des camps de la mort, l’artiste Gustav Metzger plaçait « l’expérience limite » au cœur de sa réflexion artistique. Il est décédé le 1er mars à 90 ans dans sa résidence londonienne, ville dans laquelle il s’était installé en 1939.
Son vécu de la Seconde Guerre mondiale, l’extermination de sa famille dans les camps, l’avaient convaincu de la capacité des hommes à « s’auto-détruire. » Ainsi, dans la même veine que Theodor Adorno et Max Horkheimer, Gustav Metzger, qui disait avoir « perdu toute foi dans le progrès », s’interrogeait sur le futur de l’art après l’Holocauste. Ces interrogations le pousseront à développer le concept-clé « d’auto-destruction » (qu’il mettra plus tard en relation avec l’auto-création) tout au long de son œuvre et aboutit, en 1959, à l’écriture du Manifeste de l’art auto-destructif, comme le rapporte un article de Monopol.
Sa pratique auto-destructrice de l’art concordait avec ses idéaux anarchistes et écologiques : il a ainsi constamment cherché à créer des œuvres destinées à ne laisser aucune trace, à se désagréger. Un art qu’il voulait « sans lendemain. » C’est en 1961 à Londres qu’il présente pour la première fois au public ce principe de l’auto-destruction, avec La South Bank Demonstration, une performance au cours de laquelle il pulvérise de l’acide sur une série de toiles en nylon. Elles s’auto-détruisent en quelques secondes.
Très engagé, il participe à la fin des années 1950 à des mouvements pour le désarmement nucléaire. Entre 1977 et 1980, Gustav Metzger appelle à une « grève de l’art » estimant qu’il devait sortir du carcan de la consommation. Il dit vouloir « réveiller » les artistes et les faire devenir acteurs de l’Histoire. C’est d’ailleurs dans la même logique de pensée qu’il crée sa série Historic Photographs où il collecte des photographies montrant des « violences aveugles » perpétrées tout au long du XXe siècle. A la fin de sa vie, ses productions s’orientent davantage vers l’écologie.
Figure de l’underground londonien dans les années 1970, Gustav Metzger a inspiré des artistes tels Pete Townshend, du groupe les Who qui, lorsqu’il détruit sa guitare en plein concert le fait avec en arrière-plan, la projection d’une œuvre de Gustav Metzger. Une rétrospective de l’artiste, « Gustave Metzger. Remember Nature », est d’ailleurs visible jusqu’au 14 mai 2017 au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Elle montre l’influence de l’artiste et son « implication dans les questions environnementales. »
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Disparition de l’artiste engagé Gustav Metzger
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Abonnez-vous dès 1 €Gustav Metzger au Festival International de Manchester de 2009 © Photo Andy Miah - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0