Nouvelles révélations dans le cadre de la procédure collective d’Ace Gallery

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 25 mai 2016 - 538 mots

LOS ANGELES (ETATS-UNIS) [25.05.16] – En difficulté depuis 2013, la Ace Gallery fondée par Douglas Chrismas dans les années 60 est gérée par un administrateur judiciaire depuis le mois d’avril. Il vient d’adresser au tribunal un document révélant le détournement de millions de dollars et le déplacement de dizaines d’œuvres.

Sur le boulevard Wilshire de Los Angeles, l’activité de l’Ace Gallery suit son cours. Le 11 juin prochain, une exposition de groupe rassemblant notamment John Armleder, Mary Corse, Sylvie Fleury, Jannis Kounellis, Robert Longo, Dennis Oppenheim et Julian Schnabel, ouvrira ses portes en complément des expositions personnelles en cours (Heather Carson, Laddie John Dill, Andrew Holmes et Laurie Lipton). Idem dans les espaces de la galerie à Beverly Hill.

Et pourtant, Douglas Chrismas, fondateur d’Ace Gallery, a déclaré son entreprise en difficulté et constaté l'état de cessation des paiements en 2013, en invoquant le marché immobilier. Il explique que le propriétaire des espaces du boulevard Wilshire a voulu mettre fin au bail suite à un retard de paiement de loyer. En réalité, selon lui, le propriétaire voulait simplement activer l’option d’achat du leasing en évaluant la valeur résiduelle du bien à 50 millions de dollars alors que Douglas Chrismas ne pouvait en offrir que 20 millions, rapportait Jori Finkel pour The New York Times.

Mais ce n’est que le 6 avril que les clés de la galerie lui ont été retirées, après avoir failli à son obligation de payer les 17,5 millions qu’il était condamné à verser pour régler ses dettes dans le cadre du « chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis » ou procédure de sauvegarde en France. Sam Leslie a alors été désigné administrateur judiciaire pour gérer le sort des quelques 2 750 œuvres détenues par la galerie, soit « un inventaire plus important que la collection du Broad Museum ».

Le 20 avril, The New York Times révélait alors que les procès intentés par les artistes (parmi lesquels De Wain Valentine et Mary Corse) et collectionneurs de la galerie étaient nombreux. Ceux-ci demandent à percevoir l’argent des ventes de leurs œuvres et/ou se voir retourner les œuvres mises en dépôts à la galerie. Or aucun inventaire numérique n’a été tenu, et pour certaines œuvres, on ignore si elles ont été vendues ou déplacées dans des entrepôts. Déjà au début des années 80, Douglas Chrismas était réputé pour « balader » les artistes, si l’on en croit les déclarations d’Andy Warhol dans son livre « The Andy Warhol Diaries » paru en 1979 et cité dans le New York Times.

Le 20 mai, dans The Art Newspaper, Jori Finkel rapporte que Sam Leslie a délivré au tribunal un document dans lequel il révèle le détournement de millions de dollars vers de « mystérieux comptes » et le déplacement de dizaines d’œuvres vers des entrepôts privés. Entre février 2013 et février 2016, Douglas Chrismas aurait transféré 17 millions de dollars à un compte à « Ace New York », alors que l’antenne de sa galerie new-yorkaise a fermé il y a une dizaine d’années. Le 10 mai dernier, Sam Leslie, qui souhaitait impliquer Douglas Chrismas dans les activités de commissariat de la galerie, avait déclaré abandonner l’idée après avoir consulté des documents financiers

Légende photo

La tour Desmond's Tower au 5514 Wilshire Boulevard, Los Angeles, © Photo Iamyourclown - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0

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