VERSAILLES [18.05.16] - La villa Poiret, somptueuse bâtisse moderne conçue en 1923 par l'architecte Robert Mallet-Stevens pour le couturier Paul Poiret mais abandonnée par ses propriétaires endettés, a été à nouveau vendue à une société immobilière aux enchères judiciaires, mercredi à Versailles.
Le 6 janvier, lors d'une audience au tribunal de grande instance de Versailles, cette villa blanche plantée sur une colline de Mézy-sur-Seine, dans les Yvelines, l'une des oeuvres privées majeures de Mallet-Stevens, avait été vendue aux enchères à une société immobilière qui construit des centres commerciaux, G2AM.
Mais au cours du délai de surenchère de dix jours suivant la vente, un autre acquéreur potentiel s'était manifesté, la société civile immobilière La Dame Mauve, filiale de la société Escurial et du groupe immobilier Fiducial Real Estate, basés à Courbevoie (Hauts-de-Seine).
L'acquisition faite par G2AM avait donc été annulée et la propriété, divisée en trois lots, remise à prix à 2,2 millions d'euros pour le lot comprenant la villa de 670 m2, son parc et sa piscine, plus 20.000 et 50.000 euros pour les terrains qui l'entourent.
Mercredi, Escurial a bien remporté la propriété, finalement pas par le biais de La Dame Mauve mais via une autre de ses filiales, la société par actions simplifiée Domocial, marchand de biens immobiliers, qui a surenchéri symboliquement d'un euro par rapport au prix de base posé par La Dame Mauve. G2AM n'est pas venu surenchérir.
La villa a donc été vendue pour 2.200.001 euros, et les deux terrains 20.001 et 50.001 euros.
Le dirigeant d'Escurial, Jean-Pierre Jarjaille, n'a pas souhaité parler à la presse à l'issue de l'audience.
Ceinte d'une vaste terrasse en planches avec vue sur la vallée de la Seine et Paris, la villa, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984, ne fut jamais habitée par Paul Poiret, qui fit faillite avant la fin des travaux.
Il fallut attendre son rachat par la comédienne Elvire Popesco, dans les années 1930, pour que la demeure soit achevée par un autre architecte qui l'adapta au style paquebot. La comédienne y vécut jusqu'en 1985.
Rachetée par un industriel, plusieurs fois mise aux enchères, la villa a ensuite été acquise en 2006 par ses actuels propriétaires, puis restaurée.
Mais, endetté, ce couple de promoteurs et marchands d'art a consenti à leur banque, Neuflize OBC, une hypothèque sur la demeure, qu'ils ont abandonnée.
Proposée à 4 millions d'euros par une agence, elle n'avait pas trouvé preneur: la banque avait donc engagé une procédure de saisie immobilière.
La vente est cette fois définitive, sans nouveau délai de surenchère, a expliqué l'avocat de Neuflize OBC, Me Jean-Pierre Tofani.
Scandalisés par le principe d'une vente aux enchères, des descendants de Poiret et Mallet-Stevens avaient demandé à l'Etat d'intervenir. Ils avaient reçu une réponse du ministère de la Culture promettant de "tout faire pour préserver cette villa dans son intégrité", "du flan", selon eux.
Interrogé par l'AFP en janvier, le maire de Mézy, Jean Mallet, s'était voulu rassurant : "Le PLU (plan local d'urbanisme) est très strict", avait-il assuré: "il n'y a aucune zone constructible dans les lots qui ont été vendus".
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La villa Poiret, signée Mallet-Stevens, à nouveau vendue aux enchères à une société immobilière
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Abonnez-vous dès 1 €Mallet-Stevens, la villa Poiret à Mezy-sur-Seine © Photo Luc Legay - 2015 - Licence CC BY-SA 2.0