La Russie vend aux enchères des domaines classés au titre de patrimoine culturel

Dans un souci affiché de transparence, l’Etat russe a choisi les enchères pour la vente de sept domaines lui appartenant et placés sous la législation relative au patrimoine culturel. La situation préoccupante du patrimoine architectural dans le pays, où de nombreux palais et grandes demeures tombent en ruines années après années, a poussé les responsables du ministère de la Culture à aliéner ces domaines.

La Direction opérationnelle du ministère de la Culture, une organisation qui s’occupe notamment de la vente du patrimoine culturel, conserve les domaines grâce à un financement que l’Etat n’est pas en mesure de fournir, donc en faisant appel à des investisseurs privés. Le directeur de l’agence, Vadim Solovev, explique clairement que son intention n’est pas de concurrencer les sociétés de vente immobilière mais bien de préserver le patrimoine de son pays.

Une déclaration étonnante après le prix dérisoire auquel le premier lot a été vendu. Le domaine Tatischeff, dans la bourgade de Boldino, passé en vente le 25 décembre 2014, n’a été disputé que par deux enchérisseurs et son prix d’adjudication dépasse à peine les 4,5 millions de roubles, soit environ 60 000 euros. Cependant, à ce faible prix sont tout de même assorties une série de conditions, au premier rang desquelles l’obligation de mener les opérations de rénovation à leur terme sous peine de ne pas se voir délivrer l’acte de propriété. Toute nouvelle construction sur le domaine est également interdite et la restauration doit être menée par des entreprises visées par le ministère de la Culture. Toutefois, le régime d’utilisation des lieux n’a pas été prévu et n’est pas règlementé, il pourra s’agir tout autant d’une demeure privée, que d’un hôtel ou d’un lieu à vocation sociale et culturelle.

Grigori Piroumov, représentant du ministre de la Culture, explique que « quand on parle de vente, tous regardent la somme d’argent transférée mais l’idée importante ici est la conservation. Si nous ne faisons pas tout cela aujourd’hui, alors dans vingt ans il n’y aura de toute façon plus de débat. »

Sept domaines sont concernés par ces cessions, dont celui de Iakovlev, campagne natale d’Alexandre Herzen, l’un des intellectuels russes du XIXe siècle les plus célèbres, notamment pour avoir été à l’origine, dans ses écrits, de l’abolition du servage en 1861. La propriété où il a vécu ses premières années sera mise en vente le 16 février 2015 à un prix de départ de 137 millions de roubles, soit environ 1,8 million d’euros.