NEW YORK (ETATS-UNIS) [10.03.14] - Ce n’est plus l’incontournable des foires new-yorkaises. Pourtant l’Armory Show, qui a eu lieu du 6 au 9 mars, attire toujours les grandes galeries d’art contemporain, à quelques exceptions près.
Fondée en 1994, l’Armory Show reste la plus grande foire new-yorkaise, avec cette année 205 galeries participantes venues de 26 pays. Un chiffre qui diminue depuis l’arrivée de la Frieze New York, en 2012 : de 249 en 2011, elle est passée à 228 en 2012, et à 190 en 2013. La Frieze, qui prépare sa troisième édition new-yorkaise du 9 au 12 mai, menace de la devancer, avec cette année 192 galeries participantes venues de 28 pays. Si l’on considère que 59 des galeries de l’Armory Show font partie de la section art moderne, à laquelle on reproche depuis son introduction en 2009 son caractère inégal, cela ne fait que confirmer la progression de la Frieze.
Située sur les quais de l’ Hudson, l’Armory Show a installé les galeries du « Armory Show - Modern » au Pier 92 et celles du « Armory Show — Contemporary » au Pier 94. C’est au Pier 94 que la foire est la plus dynamique, avec un brin de fête apporté par un grand bar à champagne à l’entrée. Les larges allées permettent aux nombreux visiteurs de circuler à leur aise, et on y rencontre une clientèle majoritairement américaine, même si des Européens et quelques Asiatiques s’y mêlent.
Si les ventes n’ont pas été extraordinaires, elles semblaient tout de même assez solides. Au stand de David Zwirner (New York, Londres) une série de quatre panneaux en métal du jeune artiste Oscar Murillo a été vendue 400 000 dollars. Lehmann-Maupin Gallery (New York, Hong Kong) a vendu lors du vernissage VIP une série de petits tableaux argentés de Teresita Fernández à un prix entre 150 000 et 200 000 dollars. La galerie new-yorkaise Postmasters a vendu 60 % de ses œuvres et pour la Pierogi Gallery de Brooklyn le chiffre est de 20 %. Au stand extra-large de Sprüth Magers (Berlin, Londres), des œuvres de Thomas Demand, Bernd et Hilla Becher et Rosemary Trockel ont trouvé preneurs. La Lisson Gallery (Londres, Milan, New York), qui a pris elle aussi un stand extra-large, a vendu des œuvres de Carmen Herrera, Haroon Mirza, Julian Opie, Spencer Finch et Jason Martin, à des prix variant entre 20 000 et 100 000 dollars. La galerie Blain Southern (Londres) n’a voulu indiquer que la vente d’un tableau abstrait du peintre roumain Marius Bercea au prix de 35 000 dollars.
Pour les galeries françaises, l’Armory Show demeure un moment important pour faire connaître leurs artistes auprès des collectionneurs américains, et les galeristes parisiens se sont déclarés contents. Lors du vernissage VIP, la galerie Thaddaeus Ropac (Salzbourg, Paris) a vendu une énorme sculpture en inox de l’artiste britannique Tony Cragg au prix d’un million de dollars à un collectionneur américain. Laurent Godin, qui vient à la foire depuis 10 ans, a montré un beau solo show de Scoli Acosta, un artiste de Los Angeles d’origine mexicaine. Jeudi 6 mars après-midi tous les dessins étaient partis, vendus pour la plupart lors du vernissage VIP. Au stand de Praz-Delavallade on voyait les tableaux presque monochromes, à l’aspect effacés, de Thomas Fougeirol, qui vit à Paris et à Brooklyn, et deux sculptures de Nathan Mabry de Los Angeles. Dès jeudi après-midi, toutes les œuvres avaient été vendues, et les directeurs allaient changer l’accrochage le lendemain. Bruno Delavallade et René-Julien Praz évoquent la qualité des collectionneurs comme raison principale de la réussite de la foire, en citant parmi les acquéreurs le collectionneur Marty Margulies de Miami et la Fondation Berezdivin de Puerto Rico. « Il y a un renouveau dans cette édition, la belle qualité est retrouvée » affirme René-Julien Praz, et Bruno Delavallade, qui fait partie du comité de sélection, ajoute que « les murs sont plus hauts cette année. On ne le note pas forcément, mais ça change l’atmosphère d’une foire ». Toujours jeudi après-midi, Daniel Templon (Paris, Bruxelles) avait déjà vendu trois de ses quatre tableaux du jeune artiste afro-américain Kehinde Wiley, qui aura une exposition personnelle au Brooklyn Museum en 2015. « Cette foire est très active. Les gens demandent les prix tout le temps. New York n’est certainement pas fini, c’est la capitale mondiale de l’art » affirme le galeriste.
Si Frieze New York attire bon nombre de grandes galeries absentes de l’Armory Show (Gagosian, Marian Goodman, Gladstone, Hauser & Wirth, Luhring Augustine, Emmanuel Perrotin et Kamel Mennour), d’autres vont aux deux foires. Patricia Pratas de Sprüth Magers ne voit pas de grande différence entre les deux, si ce n’est que Frieze attire une clientèle « un peu différente, un peu plus branchée ». Frieze est organisée dans une structure temporaire à Randalls Island, une île qui se trouve entre Manhattan, le Bronx et le Queens. Pour Sean Kelly (New York), l’emplacement de l’Armory Show constitue un léger atout : « On adore se plaindre de l’Armory Show. Mais à Frieze, les gens viennent une fois, le premier jour, pour ne plus revenir. A l’Armory Show, nous vendons de façon régulière tous les jours pendant cinq jours ». Bruno Delavallade trouve que « l’architecture de Frieze est très belle et la lumière est magnifique. Ici on a l’avantage d’être à Manhattan ». Pour sa part, Daniel Templon participe à l’Armory Show depuis une quinzaine d’années et ne va pas ajouter Frieze à son calendrier : « Une seule foire à New York suffit. On retrouve les mêmes personnes ». Il participe régulièrement à Art Basel Miami Beach également, où il rencontre une clientèle différente, « plus internationale, beaucoup de gens d’Amérique du Sud ».
En même temps que l’Armory Show, la foire de l’Art Dealers Association of America, où se sont installées cette année 72 galeries membres de l’association, a lieu dans l’immense Park Avenue Armory, avec la participation de plusieurs grandes galeries absentes de l’Armory Show : Blum & Poe (Los Angeles), Luhring Augustine (New York), Matthew Marks (New York, Los Angeles), Marian Goodman (New York, Paris), Metro Pictures (New York), Pace (New York, Londres, Pékin), Sperone Westwater (New York). Sean Kelly et David Zwirner seront présents dans les trois foires new-yorkaises.
Depuis quelques années, plusieurs foires satellites ont lieu pendant l’ « Armory Arts Week »: Independent (qui fête sa cinquième édition), Scope (qui a également une édition à Miami), Fountain (qui inclut des performances d’artistes) et Volta (qui a fait ses débuts à Bâle et qui a été rachetée par Merchandise Mart Properties, la société mère de l’Armory Show). L’ « Armory Arts Week » n’a perdu que Pulse, qui a rejoint Frieze en choisissant de se produire début mai.
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L’Armory Show reste vaillante
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Abonnez-vous dès 1 €Entrée de l'Armory Show, Quai de l'Hudson, New York - © Photo Mark Barry - 2007 - Licence CC BY 2.0