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Le corps du roi Richard III d’Angleterre authentifié

Par Romain Bouvet · lejournaldesarts.fr

Le 7 février 2013 - 818 mots

LEICESTER (ROYAUME-UNI) [07.02.13] – Découverte en septembre 2012 lors de fouilles dans la ville de Leicester, la dépouille présumée du roi Richard III vient d’être authentifiée grâce à des tests ADN. Les villes de York et de Leicester s’opposent à présent sur le lieu de ré-inhumation du corps vieux de 5 siècles.

« Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » aurait crié le roi Richard III d’Angleterre avant de rendre son dernier souffle, blessé à mort durant la bataille de Bosworth (1485). C’est en tout cas ce qu’imagina William Shakespeare quand il écrivit sa pièce Richard III, près d’un siècle après la mort du monarque. Nul doute que l’œuvre du dramaturge contribua grandement à perpétuer le souvenir de ce souverain qui ne resta finalement que deux années sur le trône d’Angleterre.

Dernier roi Plantagenêt (une dynastie issue de la première lignée des comtes d’Anjou et du Maine), le duc de Gloucester Richard d’York mis fin – par son décès – à la Guerre des Deux-Roses, surnom donné à la longue lutte qui opposa la maison Lancaster (dont l’insigne était une rose rouge) à la maison d’York (rose blanche) pour le trône d’Angleterre durant la seconde moitié du XVe siècle. Arrivé au pouvoir à la mort de son frère, suspecté d’avoir fait assassiner ses neveux pour accéder au trône, on ne savait pas grand-chose de Richard III après sa défaite à Bosworth – qui marque l’arrivée de la dynastie des Tudor sur le trône d’Angleterre. On sait que le roi trouva la mort sur le champ de bataille, mais l’endroit où il avait été enterré demeurait un mystère.

Il aura fallu attendre août 2012, pour que des chercheurs de l’université de Leicester se mettent en quête de cette sépulture royale oubliée. L’archéologue Richard Buckley et son équipe pensaient que la dépouille de Richard III avait pu être transportée jusqu’à une chapelle de Leicester détruite au XVIe siècle et dont l’emplacement s’était perdu. La redécouverte de l’édifice religieux sous un parking et d’un corps enterré à la hâte les avaient rapidement convaincu qu’ils étaient sur la bonne voie.

Le corps mis au jour a immédiatement suscité une grande excitation. Non seulement le squelette découvert arbore une blessure à l’arrière du crâne – probablement causé par le fer d’une hallebarde d’après les experts du Royal Armouries – mais l’on retrouve également une pointe de flèche coincée entre ses omoplates. Une mort violente sur un champ de bataille semble donc tout à fait plausible. De plus, les premières analyses ont rapidement révélé des blessures plus légères réalisées post-mortem. Les adversaires du défunt semblent s’être acharnés sur le cadavre.

Dernier détail troublant, le squelette découvert présente une déformation importante de la colonne vertébrale provoquée par une scoliose sévère, ce qui correspond à certaines descriptions anciennes du roi. Sous le règne des Tudor la propagande n’hésitera d’ailleurs pas à accentuer le trait en faisant de cet ancien rival un tyran bossu et repoussant. Le succès de la pièce de Shakespeare contribua d’ailleurs largement à propager cette vision négative du monarque.

Si cet ensemble de détails faisait du squelette retrouvé un sérieux candidat, seule une analyse ADN pouvait cependant constituer une preuve indiscutable. La découverte d’un descendant direct de la sœur du roi Richard a finalement rendu l’authentification possible. Conclusion : le corps découvert est « sans doute possible » celui du roi Richard III. À présent que le mystère de la dernière demeure du souverain est levé, les passionnés se sont attaqués à l’épineux problème de la ré-inhumation. Les chercheurs avaient initialement prévu de déposer en 2014 les restes du roi dans la cathédrale de Leicester. La ville d’York et la région du Yorkshire – terre natale du roi Richard – ne l’entendent cependant pas de cette oreille, et réclament le retour de la royale dépouille sur « ses terres ».

Julian Sturdy, membre du Parlement élu dans le Yorkshire s’est prononcé en faveur du retour des ossements à la cathédrale d’York. Tout en remerciant les chercheurs de l’université de Leicester pour leur travaux d’investigation, l’élu a déclaré qu’« Étant à la fois le dernier roi d’Angleterre yorkiste et le dernier roi mort au combat [de notre histoire], Richard III est extrêmement important pour l’héritage historique de la ville de York ». Il y a de nombreux indices qui suggèrent que le roi Richard souhaitait être enterré à York et plus particulièrement dans la cathédrale.

48 heures après que l’université de Leicester ait officiellement annoncé que la dépouille découverte était bien celle de Richard III, ils étaient déjà plus de 6 000 à avoir signé une pétition en ligne, réclamant le retour du corps à York. La demande sera mise à l’étude par la Chambre basse du Parlement si elle atteint les 100 000 signatures avant septembre 2013. Le roi Richard, que ce soit sous la plume de Shakespeare ou sous les nôtres, n’a pas fini de faire couler de l’encre.

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Les restes du roi Richard III, retrouvés sous un parking au Royaume-Uni - © photo University of Leicester

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