Unesco

L’Icomos défavorable à l’inscription de Bethléem au Patrimoine mondial

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 18 juin 2012 - 548 mots

PARIS [18.06.12] – Les autorités palestiniennes sont déterminées à inscrire l’église de la Nativité et la route du pèlerinage de Bethléem, lieu de naissance de Jésus pour la communauté chrétienne, au Patrimoine mondial de l’Unesco. Mais l’Icomos a délivré des conclusions défavorables à cette inscription.

« Nous maintenons notre dossier et nous irons jusqu’au vote » a annoncé à l’AFP Elias Sanbar, ambassadeur palestinien auprès de l’Unesco. Après l’adhésion de l’Autorité Palestinienne au sein des membres de l’Unesco en octobre 2011, le dossier d’inscription au Patrimoine mondial du Lieu de naissance de Jésus (l’église de la Nativité et la route du pèlerinage de Bethléem) a été déposé au début de l’année 2012.

Pour l’ambassadeur, l’avis défavorable rendu par l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites) est « biaisé » et « politisé » par les Etats-Unis et Israël qui s’étaient violemment opposés à l’adhésion de la Palestine à l’Unesco. « Ceux qui ont perdu la bataille du vote de l’entrée de la Palestine à l’Unesco veulent nous empêcher d’exercer nos droits », dénonce-t-il. L’inscription du site de Bethléem au Patrimoine mondial est demandée en urgence par la Palestine, à cause du « délabrement et de la dégradation de l’ensemble architectural de l’église » qui n’a pas bénéficié d’« entretien correct, en particulier ces 50 dernières années ».

L’Icomos estime que les délimitations du site à inscrire ne sont pas clairement définies. L’Icomos propose donc de réviser le dossier. L’organisation met également en cause l’absence de procédure d’évaluation complète des menaces qui pèsent sur le site : « L’Icomos considère que le bien ne peut pas être considéré comme ayant été gravement endommagé ou comme ayant été exposé à une menace imminente ». La Palestine campe sur ses positions ; au Jerusalem Post, un officiel palestinien déclare que « les effets combinés des conséquences de l’occupation d’Israël et de l’absence de mesures scientifiques et techniques pour restaurer et préserver le bien ont créé une situation d’urgence qui doit être traitée en urgence ».

Outre l’Icomos, la Palestine doit faire face à l’opposition d’Israël. Pour un officiel israélien, la Palestine a « politisé » le dossier. Israël « s’oppose à tous les efforts des palestiniens à agir de façon unilatérale comme un Etat » à part entière, selon le Jerusalem Post. Les autorités chrétiennes s’élèvent également contre l’inscription du site au Patrimoine mondial. Depuis le XIXe siècle, ce sont les Eglises grecque orthodoxe, arménienne et romaine catholique qui administrent conjointement les Lieux Saints en Israël ; or, l’inscription sur les listes de l’Unesco implique la responsabilité de la gestion des sites. Selon l’AFP, après une lettre envoyée à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, ce dernier a assuré le respect du « statu quo » quant à la gestion de Bethléem.

L’église de la Nativité, construite sous l’empereur Constantin au IVe siècle, est l’un des édifices les plus anciens de la chrétienté et un des lieux de pèlerinage les plus importants pour les croyants. Il s’agit également du premier site touristique palestinien (plus de 2 millions de visiteurs en 2011), ce qui ne favorise pas la protection de l’intérieur de l’église. L’Icomos reconnaît néanmoins le caractère hautement spirituel des lieux pour les communautés chrétiennes et accorde que l’inscription du site « peut potentiellement manifester une valeur universelle exceptionnelle ».

Légende photo

Bethléhem, Eglise de la Nativité, l'Etoile de Bethléhem - Photo Berthold Werner - 2008

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