La douane iranienne retient en otage un tableau de Pollock

Avez-vous quelque chose à déclarer ? A la douane de l'aéroport de Téhéran, le 11 mai dernier, le chargé de conservation du Musée d'art contemporain de la capitale iranienne a probablement répondu : « Oui, le Mural on Indian Red Ground ». Oeuvre majeure de Pollock, cette toile est depuis bloquée à la douane iranienne. Les services de l'aéroport la retiennent afin de réclamer au ministère de la Culture des « impayés ». Selon l'agence Mehr, citée par l'AFP, le ministère aurait contracté des dettes auprès du service des douanes, ce dernier profitant de l'arrivée de la toile de Pollock pour faire pression afin de se les faire rembourser.

Réalisée dans les années 50 et aujourd'hui estimée à 250 millions de dollars, la toile avait été prêtée à un musée japonais à l'occasion d'une rétrospective donnée pour le centenaire de la naissance de Pollock. Intercepté par les douanes dès son retour en Iran, le tableau est aujourd'hui inaccessible aux conservateurs. Le Musée d'art contemporain de Téhéran s'inquiète d'ailleurs des conditions dans lesquelles il est stocké : « Il y a des risques qu'il soit endommagé », a regretté Ehsanollah Abbassi, un responsable de la collection.

C'était la première fois que Mural on Indian Red Ground quittait l'Iran depuis son acquisition par l'épouse du Shah, peu avant la révolution islamique de 1979. Cette affaire réglée, il devrait rejoindre l'une des plus larges collections d'art moderne au monde, celle du Musée d'art contemporain de Téhéran. Constituée pour l'essentiel sous l'ancien régime impérial, cette collection comprend près de 200 toiles des plus grands peintres modernes, de Gauguin à Warhol en passant par Picasso, Bacon, Miro ou Pollock.