Archéologie

Turquie : une tablette antique révèle des traces d’une langue inconnue

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 16 mai 2012 - 328 mots

ZIYARET TEPE (TURQUIE) [16.05.12] – Comme Champollion avec les hiéroglyphes en 1822, les chercheurs se sont servis des noms pour déchiffrer cette langue inconnue. Sur une tablette assyrienne datant du VIIIe siècle avant J.-C., 60 noms de femmes jusqu’alors inconnus sont la preuve, pour les spécialistes, de traces d’une nouvelle langue.

La tablette en argile a été découverte sur le site de Ziyaret Tepe (en actuelle Turquie), à l’endroit où l’on pense avoir trouvé le palais antique de Tušhan datant de l’époque assyrienne. Cette tablette présente près de 150 noms rédigés avec des caractères cunéiformes, seuls 60 sont lisibles. Si une quinzaine de ces noms proviennent des langues égyptienne, élamite ou encore sémitique occidental, 45 ne montrent aucune similitude avec les milliers de noms anciens connus et répertoriés par les spécialistes du Moyen-Orient antique.

Pour John McGinnis, archéologue à l’Université de Cambridge qui a déchiffré la tablette, ces noms – tels que Ushimanay, Alagahnia, Bisoonoomay ou Irsakinna – sont le témoignage partiel de la découverte d’une nouvelle langue ethnique. John McGinnis a publié ses recherches dans le Journal of Near Eastern Studies. Les archéologues et linguistes cherchent désormais dans les détails de ces noms (notamment dans l’ordre et la fréquence des lettres) des similitudes possibles avec d’autres langues anciennes afin de la rattacher à une famille linguistique.

Les 45 femmes mentionnées étaient probablement des prisonnières de guerre qui ont été employées par les Assyriens pour leurs activités artisanales. Le texte mentionne, à côté de chaque nom, le nom d’un village dans lesquelles elles auraient été envoyées pour travailler. Au VIIIe siècle avant J.-C., les Assyriens n’étaient présents militairement que dans la région des monts Zargos (dans l’ouest de l’Iran actuel). La langue à laquelle se rattacheraient les noms découverts pourrait donc provenir d’une ethnie inconnue originaire de ces montagnes. L’étude de cette nouvelle langue pourrait également contribuer à retracer les origines des « barbares » orientaux, ces tribus des montagnes qui ont attaqué les premières civilisations de Mésopotamie.

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Inscription de Naram Sin trouvée dans la ville de Marad en Iraq - 2260 av. J.-C. - © Photo : Rama - 2007 - Licence CC BY-SA 2.0

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