ROME (ITALIE) [06.09.17] - Des fragments osseux retrouvés dans une église médiévale au cœur de Rome, des inscriptions portant le nom de saint Pierre… Et voilà que s'ouvre en Italie un énième chapitre du mystère millénaire des reliques du premier pape de la chrétienté.
L'événement remonte à quelques mois. A l'occasion de travaux de restauration de Santa Maria in Cappella, église nichée dans le vieux quartier romain du Trastevere, un ouvrier note que la dalle qui recouvre l'autel a été déplacée… "Je craignais que des voleurs aient tenté de le dérober et, en m'approchant, j'ai vu à l'intérieur de l'autel une cavité contenant deux petits pots en faïence", raconte l'historien de l'art Massimiliano Floridi, témoin de la découverte.
"Sur les pots étaient inscrits les noms de premiers papes, saint Pierre, saint Félix, saint Calixte. Je ne suis pas archéologue mais j'ai compris qu'ils étaient très anciens, l'émotion était immense", se souvient-il. L'ouverture des récipients révèle la présence de fragments osseux "qui ont été placés dans d'autres pots, puis transmis au vicariat de Rome dans l'attente d'analyses plus approfondies", poursuit Massimiliano Floridi.
Si à ce stade, aucune conclusion ne peut être tirée sur l'origine de ces ossements, la découverte a relancé les conjectures sur les reliques de celui qui est considéré comme le fondateur de l'Eglise chrétienne. Selon la tradition catholique, les restes de saint Pierre sont conservés sous la basilique vaticane qui porte son nom à Rome, même si le Vatican n'a jamais attesté qu'ils étaient authentiques à coup sûr.
Dans ce nouvel épisode de cette énigme deux fois millénaire, ouvert à Santa Maria in Cappella, plusieurs indices interpellent les experts. Parmi eux, une inscription à l'entrée de l'église qui indique qu'elle renferme d'importantes reliques, la liste comportant les noms de saint Pierre, saint Félix, saint Calixte ainsi que des martyrs Hippolyte et Anastasie.
Pape et antipape
"On retrouve les mêmes noms à la fois sur les couvercles de plomb qui recouvraient les pots, sur des plaques en fer à l'intérieur de l'autel et à l'entrée de l'église sur une épigraphe (une inscription, ndlr) remontant à sa fondation", explique à l'AFP Cristiano Mengarelli, l'archéologue qui a supervisé la découverte.
"Mais il est légitime de douter de l'authenticité des restes dans la mesure où il est admis que le reliquaire a été ouvert à plusieurs reprises au fil des siècles", tempère-t-il. Propriété des Doria Pamphili, une des plus nobles et anciennes familles d'Italie, l'église Santa Maria in Cappella, fut consacrée en 1090 par Urbain II (né Eudes de Châtillon) qui fut pape de 1088 à 1099.
A cette époque, l'Eglise est profondément divisée et un autre pape, que l'empereur Henri IV a fait élire en 1080, règne sur une partie de Rome sous le nom de Clément III (non reconnu par l'Eglise, il est qualifié d'antipape). Les historiens ont émis l'hypothèse que l'église du Trastevere ait pu à l'époque être utilisée comme chapelle pontificale par le pape légitime. Ce qui pourrait aussi expliquer que les reliques de saint Pierre aient pu y être transférées. "Ce que l'on peut dire, c'est qu'au moins à l'époque où ont été réalisées les différentes inscriptions de Santa Maria in Cappella on pensait qu'il s'agissait bien des reliques de saint Pierre", relève Cristiano Mengarelli. Des reliques qui viendraient donc s'ajouter à celles conservées sous la basilique Saint-Pierre de Rome, et attribuées à l'apôtre de Jésus de Nazareth. Retrouvés lors de fouilles entreprises en 1940 dans une nécropole située sous la basilique, ces ossements n'ont jamais été formellement authentifiés.
Mais des tests scientifiques dans les années 50 et 60 avaient conclu à une grande "probabilité" qu'ils soient bien ceux de l'ancien pêcheur de Galilée, selon le terme employé par le pape Paul VI en 1968. Pierre avait été crucifié la tête en bas dans les années 64-70, dans le cirque de Caligula, où se trouvent aujourd'hui les jardins du Vatican.
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A Rome, des ossements retrouvés relancent l'énigme des reliques de saint Pierre
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