L’un a tout juste quarante ans, l’autre vient d’être nommée directrice des expositions et des collections de la Monnaie de Paris : le Centre Pompidou et Camille Morineau ont conjoint leurs forces pour revisiter certaines sculptures majeures qui, issues du vaisseau pompidolien, trouvent un écrin de choix dans l’institution du quai de Conti.
Cette occasion double n’est ni un vulgaire prétexte calendaire ni une astuce autolâtre, elle enfante un parcours serré et intelligent, plein de chefs-d’œuvre rigoureusement présentés. Au XXe siècle, la sculpture se défait de la verticalité – monumentale, et phallique – au profit d’une horizontalité toute en nuances et relations. Ardents, les artistes explorent un « champ élargi » (Rosalind Krauss), célèbrent un corps couché et, renonçant à toute érection, élaborent une (re)mise à plat. Subtilement, sont exposées trois œuvres emblématiques de ce basculement – physique et paradigmatique : le Trébuchet (1917) de Marcel Duchamp, porte-manteau dont la disposition sur le sol contrevient à l’orthodoxie gravitationnelle, la Femme égorgée (1932-1940) d’Alberto Giacometti, inoubliable dissection figée dans l’airain, et RP3, Ci-gît l’espace (1960), pierre tombale que le géomètre Yves Klein referme sur nos certitudes foncières. De l’Élevage de poussière (1920) de Man Ray à la météorite mazoutée de Tatiana Trouvé (Rock, 2007), toutes les œuvres sacrent un espace infini et ouvert, infiniment ouvert. Du sol considéré comme une toile sublime, terre de fantasmes, de silhouettes et de projection(s).
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(Re)mises à plat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : (Re)mises à plat