LONDRES (ROYAUME-UNI) [06.10.11] - Un célèbre tableau de John Martin a récemment été restauré à la Tate Britain. Cette seconde vie est le fruit de nombreuses recherches scientifiques, dont certaines d’un genre un peu nouveau. Une technologie permettant de suivre le regard des spectateurs devant l’œuvre a en effet été employée afin de définir le meilleur protocole de restauration.
La science une nouvelle fois au service de l’art, c’est l’histoire que raconte le scientifique Tim Smith sur le site du Guardian. Si la technologie appuie souvent les restaurateurs dans les étapes techniques d’un chantier, il est plus rare qu’elle participe aux réflexions sur l’éthique même de la restauration. C’est pourtant ce qui s’est passé à Londres, au moment de la restauration de La destruction de Pompéi et d'Herculanum par John Martin.
Le tableau du XIXe siècle avait été très endommagé en 1928 lors d’une inondation. Un cinquième de la toile manquait et notamment le motif principal de la scène, l’éruption du Vésuve. L’exposition que la Tate Britain consacre à John Martin en ce moment était donc l’occasion d’offrir une seconde vie au tableau. Pour définir le protocole de restauration, quatre images numériques de l’œuvre, la représentant restaurée de manière plus ou moins visible, ont été projetées sur un écran à des spectateurs qui ne la connaissaient pas. Pendant toute la durée de la projection, des caméras infrarouges ont enregistré où, et combien de temps leurs yeux se posaient sur le tableau. L’analyse de leur regard sur la version la plus et la moins restaurée a fourni de précieux renseignements à l’équipe de restaurateurs.
Sur la version la plus restaurée, les regards s’attardent en premier sur le cœur du volcan, puis détaillent la ville et les personnages au premier plan. Sur la version où la partie manquante a été comblée par une couleur neutre, l’œil du visiteur est attiré en premier par la grande balafre qui déchire le tableau. Le cœur du volcan et une partie de la ville sont en effet manquants et les spectateurs délaissent même les personnages du premier plan. Quand on leur demande de décrire la scène, aucun d’entre eux n’a reconnu une éruption. Le sujet même de l’œuvre de John Martin est donc perdu.
A la lumière de ces observations, le parti-pris a donc été de restaurer la partie manquante dans ses grandes lignes initiales, afin que la toile retrouve son sujet. Les détails les plus précis, connus par une petite copie de l’artiste, ont cependant été volontairement écartés pour que le spectateur puisse distinguer la restauration de l’original. Selon les mots de Tim Smith, la peinture a donc été sauvée de la destruction « grâce à une combinaison de science, de Photoshop et d’expertise en matière de restauration ».
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Quand le regard des spectateurs aide l’œil du restaurateur
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Abonnez-vous dès 1 €Visiteurs regardant des tableaux à la Alte Pinakothek - © photo Mattes - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0