Portrait en creux de Jean Malouel

Alors que les archives nous apprennent que ce grand peintre du Moyen Âge a décoré des oriflammes, des armures, mais qu’il a aussi conçu des modèles d’étoffes, des miniatures et bien sûr des tableaux religieux, on ne connaît malheureusement, à ce jour, plus qu’une poignée d’œuvres de sa main. Et ces œuvres ne voyagent presque jamais. Malgré ces écueils, le musée relève le défi avec brio en menant une captivante enquête sur les transferts artistiques à l’époque de Malouel, ou plus exactement de Johan Maelwael. Le peintre en titre des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean sans Peur, est en effet né aux Pays-Bas. À tout seigneur tout honneur, c’était donc légitimement à un musée néerlandais de présenter la première exposition sur ce sujet ardu mais passionnant. Les musées étrangers ont totalement joué le jeu en confiant quelques-uns de leurs trésors : le Prado a envoyé un beau Colart de Laon, Berlin la Vierge à l’Enfant aux papillons, les plus insignes bibliothèques européennes se sont temporairement séparées de sublimes manuscrits, tandis que le Musée de Cleveland a prêté ses iconiques pleurants et, enfin, le Louvre a envoyé, entre autres, sa célèbre Grande Pietà ronde. Toutes ces merveilles, pour beaucoup issues de son atelier ou de son cercle, entretiennent un délicieux dialogue sur la circulation des formes et l’influence massive de Malouel. Un dialogue magnifié par une scénographie irréprochable.