Portrait de Pompée

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 26 juin 2017 - 405 mots

La Société des amis du Louvre offre à son musée un exceptionnel portrait de la fin de la République romaine identifié comme celui de Pompée.

 

Marbre d’Anatolie
Comme le fameux portrait de César sorti du Rhône en 2007, celui de Pompée a été sculpté dans un marbre d’importation provenant d’Anatolie. Le travail de ce matériau, rare et précieux, était l’apanage des sculpteurs grecs. L’auteur du portrait du Louvre, tenant de cette tradition hellénistique, copia directement le visage de Pompée d’après le modèle en bronze que le général avait fait réaliser de son vivant. Le soin apporté aux détails, comme la chevelure, atteste de cette filiation.
48 av. J.-C.
Des trois portraits connus de Pompée, celui qui vient d’entrer au Louvre est le plus proche des images diffusées de son vivant. Pour cette raison, on situe sa réalisation peu après la mort de Pompée (48 av. J.-C.), quand ses fils continuaient à jouer un rôle politique dans le parti opposé à Octave-Auguste.
Rome
Des analyses effectuées en laboratoire ont révélé des traces de concrétions spécifiques à un milieu volcanique se trouvant au sud de Rome, d’où le portrait fut probablement exhumé au début du XXe siècle. Quand il est pour la première fois publié en 1973 dans une revue danoise, il est encore localisé sur le marché de l’art romain.
1,2 million d’euros
Un prix proportionnel à la rareté du portrait sculpté. Seulement deux autres effigies de Pompée sont connues, l’une au musée archéologique de Venise, l’autre à la glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague. L’œuvre a été acquise auprès du galeriste londonien Benjamin Proust, qui le tenait d’une collection privée monégasque.
Pompée
La raie au milieu de la chevelureest inhabituelle. Les seuls exemples comparables existent dans les portraits des princes gravitant autour d’Alexandre le Grand. Comme eux, Pompée sacrifia à cette mode capillaire pour mieux revendiquercette prestigieuse ascendance et affirmer son statut de conquérant. Pour ses victoires successives et ses prouesses personnelles sur le champ de bataille, il est acclamé imperator par ses troupes alors qu’il n’est encore qu’un chevalier. À ce fait exceptionnelpour l’époque, suivi de son retour victorieux de Numidie, Pompée hérite, à son tour, du surnom de « Magnus » (le Grand).Des portraits des grands hommes de la fin de la République romaine,seule une dizaine est parvenue jusqu’à nous. Au Louvre,celui de Pompée rejoint le portrait de Crassus qui forma, avec César, le triumvirat secret qui se conclut, en 60 av. J.-C., par l’élection de cedernier à la tête duConsulat de Rome.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : Portrait de Pompée

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque