LONDRES (ROYAUME-UNI) [25.05.15] - Si les ventes n’ont pas été à la hauteur de ce qu’espérait la plupart des galeries, la très bonne ambiance de Photo London, le dynamisme de Londres qui l’imprégnait et les divers contacts pris les ont engagées dès la clôture de la foire à se réinscrire pour l’année prochaine.
« London photo fair aims to push Paris out the picture » (*), titrait le Times le jeudi 22 mai 2015. Dès mercredi 21 mai, jour de vernissage, l’enthousiasme battait effectivement son plein à Somerset House, et les supporters de la foire ne cachaient pas leurs plaisirs d’être présents, de Boris Johnson le maire de Londres dans son discours aux galeristes Thomas Zander et Edward Greenberg.
Toutes les institutions londoniennes qui ont soutenu Michael Benson et Fariba Farshad dans leur projet de relance de Photo London étaient au rendez-vous : de la National Portrait, Withechapel, Barbican Art Gallery, Serpentine à la Tate Britain et Tate Modern représenté par son dynamique conservateur pour la photographie, Simon Baker.
Le partenariat avec la Fondation Luma et le soutien déclaré de Sotheby’s, Christie’s et de Phillips (ce qui en France serait inimaginable voire inconcevable) donne la mesure de ce que représente la foire à leurs yeux et le lien tissé avec ses organisateurs.
Photo London version Candlestar bénéficie de fait à la différence de Reed Expositions France il y a dix ans d’un large faisceau de soutiens locaux lié à la fois au bon ancrage à Londres de Candlestar (organisateur entre autres du prix Pictet), à l’estime portée à ses créateurs Michael Benson et Fariba Farshad, mais aussi à l’enjeu de cette première édition pour tous les acteurs britanniques de la photographie, véritable catalyseur des énergies.
« C’est une synergie qui se crée », souligne Simone Klein directrice du département photographie Europe de Sotheby’s. « Le marché de la photographie à Londres est encore sous-développé comparé à Paris alors que la capitale est riche en collectionneurs et acheteurs fortunés et que toute une activité photo particulièrement dynamique au niveau des galeries et des institutions s’y concentre ».
Cette première édition l’a démontré tant dans son parterre de soixante-dix galeries constitué à 43 % d’enseignes britanniques qu’au niveau de l’exposition réalisée par le Victoria et Albert Museum sur sa collection photo. Mais à la différence des galeries présentes à la première édition de Paris Photo (qui avait fait une large place à la photographie historique, au vintage et au noir et blanc), le contemporain, le tirage moderne et la photographie couleur ont dominé cette édition avec la photographie japonaise particulièrement représentée que ce soit par les galeries japonaises (nombreuses comparés à Paris Photo) ou par d’autres galeries telle In Camera. Le soutien apporté par Simon Baker à la création nippone il est vrai n’est pas étranger à leur présence. C’est d’ailleurs Daisuke Yokota (G/P Gallery) qui a obtenu le John Kobal Award remis à un photographe émergeant par cette fondation.
James Hyman Gallery est certainement la galerie qui présentait à Photo London le plus grand nombre de vintages dont trois pièces rares : La grande Vague et La vague brisée de Gustave Le Gray proposées à 250 000 £ (351 750 €) et la Véronica in Bloom de William Henri Fox Talbot pièce unique à 300 000 £ (422 100 €) et prix record de la foire. Aucune des trois n’a cependant trouvé preneur.
« Les acheteurs anglais ne sont pas intéressés par ce type de pièce. Le Gray ou Talbot ne sont pas connus ici », précise James Hyman. « Seuls le contemporain et des photographes comme Jon Tonks que nous présentons et qui a été exposé l’an dernier à la National Portrait Gallery les intéressent ». Rose Gallery a ainsi particulièrement bien vendu les tirages de William Eggleston.
Le marché anglais n’est pas le marché français ni américain, il n’a pas encore la même maturité. Les galeries françaises qui faisaient leurs premiers pas Outre-Manche le savaient en ignorant toutefois ce qui pourrait faire mouche. L’organisation par Sotheby’s, Christie’s et Phillips d’une vente aux enchères donnait à cet égard des repères sur ce qui trouve preneur au Royaume-Uni comme la photographie de mode et la photographie animalière. Horst P. Horst, objet d’une exposition au V&M l’an dernier, et Sebastião Salgado, très apprécié en Angleterre, étaient à ce titre représentés par différentes galeries.
En termes de résultats, si les résultats diffèrent comme d’habitude d’une enseigne à une autre, la tendance générale montre qu’ils n’ont pas été cependant à la hauteur de ce qu’elles espéraient. Nombre d’entre elles n’ont pas rentabilisé leur stand aussi cher qu’à Paris Photo. Elles ne renoncent pas pour autant.
Elles se sont quasiment toute réinscrites pour la prochaine édition. La très bonne ambiance de Photo London, le dynamisme de Londres qui l’imprégnait et les contacts sérieux pris avec les institutions anglaises et des visiteurs jamais croisés à Paris Photo les incitent à revenir. Car les perspectives de développement du marché de la photographie à Londres, personne n’en doute y compris en France. Julien Lecêtre, directeur d’Art Paris Art Fair ne participe-t-il pas déjà à hauteur de 25 % dans Photo London ?
Demeure pour ses organisateurs la nécessité de revoir entièrement la signalétique et surtout l’agencement des espaces et en priorité ceux dits de la Mezzanine. Installés dans les sous-sols de Somerset House, ces derniers sont en effet très éloignés du standing des espaces du rez-de-chaussée et du premier étage, rendant impossible la visibilité et lisibilité des stands de qualité. Demeure aussi pour Michael Benson et Fariba Farshad à faire venir davantage les Américains à Londres. Bien que la conférence de Presse de Photo London ait été organisée à New York, peu d’entre eux, à la différence des Français, des Suisses et des Allemands ont fait le déplacement comme Quentin Bajac, conservateur pour la photographie au MoMA.
(*) Photo London s’active à faire sortir Paris Photo du cadre
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Photo London, version Candlestar, réussit sa première édition
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Légendes Photos :
Takashi Kawashima, From the series of unfinished topography / collection, 2015, copyright of the artist, courtesy of G/P Gallery.
William Eggleston, Untitled, 1970-1973 © William Eggleston, courtesy of the Eggleston Artistic trust and ROSEGALLERY, Santa Monica.