Grâce à sa Société des amis, le Musée des beaux-arts de Dijon s’enrichit d’une peinture mythologique de Jean Jouvenet, peintre jusqu’ici absent de ses collections.
Autour de 1700, Jean Jouvenet est au sommet de sa carrière. Le succès de cet ancien collaborateur de Charles Le Brun est attesté par les nombreuses copies et estampes diffusées jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, le tableau de Dijon fait partie de la collection du fermier général Laurent Grimod de La Reynière (1734-1793), avant d’appartenir au célèbre marchand et collectionneur Jean-Baptiste-Pierre Lebrun (1748-1813).
Signalée comme perdue dans le catalogue raisonné de Jouvenet publié par Antoine Schnapper en 1974, Vénus dans la forge de Vulcain a reparu sur le stand de la Galerie Heim à l’occasion de la Tefaf 2018. L’œuvre n’était alors connue que par la gravure en sens inverse qu’en donna Louis Desplaces (1682-1739) et par diverses répliques ou copies anciennes.
Le tableau fut probablement exposé au salon de 1699 qui se tint dans la Grande Galerie du Louvre. Dans l’édition suivante, en 1704, Jouvenet adresse un tableau de même sujet laissant penser qu’il pourrait s’agir de la même œuvre. Christine Gouzi, spécialiste de l’artiste, ne soutient pas cette hypothèse et croit plutôt à un second envoi qui serait la répétition en taille réduite du premier, passé en vente chez Sotheby’s New York en 2000.
L’œuvre, offerte par la Société des amis des musées de Dijon, a été acquise auprès de la Galerie Jean-François Heim (Bâle, Suisse) pour la somme de 250 000 euros. Pour David Liot, directeur du Musée des beaux-arts, ce don répond à un manque au sein des collections qui ne possédaient aucune œuvre de l’artiste, alors même qu’une autre de ses peintures orne la chapelle des Élus du Palais des États de Bourgogne. Cette acquisition rappelle également l’importance des XVIIe et XVIIIe siècles à Dijon, riche époque des Parlementaires et de leurs hôtels particuliers.
Virgile décrit cette scène dans L’Énéide : Vénus use de ses charmes pour convaincre Vulcain de forger une armure pour son fils Énée. Maître du feu et protecteur des artisans, le dieu romain en a pris l’apparence, coiffé d’un bonnet rond. Restant assis devant son établi, il est d’abord hésitant face au discours de son épouse infidèle qui lui a préféré Mars. Atteint par la flèche décochée par Cupidon, Vulcain est soudain saisi par la passion amoureuse et promet son aide à Vénus. La déesse est irrésistible. Jouvenet l’a peinte dans ses plus beaux atours. La tunique blanche, nouée jusqu’à la taille par une ceinture de pierres précieuses, découvre une poitrine nue baignée par la lumière oblique venant de l’entrée de la grotte qui sert de cadre naturel à cette leçon de séduction.
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Vénus dans la forge de Vulcain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°728 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Vénus dans la forge de Vulcain