Qatar - Musée

Un Musée d’art islamique revu et corrigé

Moins d’une quinzaine d’années après son ouverture en 2008, sa muséographie a été repensée dans une optique pédagogique affirmée.

Musée d'art islamique de Doha. © Marc Pelletreau / MIA
Musée d'art islamique de Doha.
© Marc Pelletreau / MIA

Doha (Qatar). Le Musée d’art islamique (MIA) a été fermé au public du printemps 2021 à l’automne 2022, pour une refonte profonde des galeries permanentes : près de 900 objets sont désormais exposés, dont 60 % de nouvelles pièces (monumentales pour certaines) par rapport à la précédente muséographie. Celle-ci reste accessible en réalité virtuelle sur Google Arts.

Inauguré en 2008, le MIA est intégré à Qatar Museums (QM), la holding publique intégrant l’ensemble des musées du pays, placée sous l’autorité de Cheikha Al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani, sœur de l’actuel émir du Qatar. Cette entité ne dépend pas du ministère de la Culture du pays mais est directement rattachée au palais. Du Maghreb à l’Asie du Sud-est, il existe d’autres musées centrés sur l’art islamique, ainsi en Égypte, en Turquie ou en Malaisie, mais ces derniers reflètent plus l’histoire et l’art de ces pays. Le plus proche équivalent dans la région du Golfe est probablement le Musée de la civilisation islamique de ­Sharjah aux Émirats arabes unis. Ouvert également en 2008 dans son bâtiment actuel (une ancienne galerie marchande), il s’efforce de déployer une approche éducative et holistique comparable à celle du MIA, mais à partir d’une collection moins étendue.

Plus ancien musée qatari, le MIA s’inscrit dans le discours national du pays en se positionnant comme une institution incontournable de l’art islamique au niveau mondial. Les expositions temporaires successives accompagnent cette ambition : de Damas, Alep et Palmyre (« Syria Matters », 2018) à Bagdad ­(« ­Baghdad : Eye’s Delight », 2022), avant bientôt Ispahan (« Fashioning the Empire », 2023), cette célébration des âges d’or des dynasties liées à l’Islam place Doha dans une continuité à la fois symbolique et patrimoniale. Toutes ces dynasties ont en commun un certain talent commercial et diplomatique, de la gestion des ressources naturelles au commerce international et à la géopolitique.

La contextualisation des objets a constitué la ligne directrice du nouvel accrochage afin de renforcer la vocation éducative du musée, jugée insuffisante dans sa version initiale. Ce réaménagement des 18 galeries de la collection permanente (réparties sur deux étages) s’est fait avec le concours du bureau français de Wilmotte & Associés, qui avait déjà conçu la scénographie inaugurale du musée.

Constituée en à peine trente ans, la collection de 10 200 objets du MIA est à apprécier à l’aune des 14 000 pièces du département des Arts de l’Islam du Musée du Louvre et des 12 500 autres du Musée d’art islamique de Berlin (Museum für Islamische Kunst, Berlin). La vision qatarie du musée de Doha se tient néanmoins volontairement à distance des standards muséologiques occidentaux.

Museum of Islamic Art,
off al Corniche St Doha, Qatar, mia.org.qa

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Un Musée d’art islamique revu et corrigé

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