Le Musée des Augustins préempte un plâtre de Jean Rivière, faisant entrer dans ses collections une première œuvre du sculpteur toulousain.
Incroyable destinée que celle de Théodora, la fille du dresseur d’ours de l’hippodrome de Constantinople, tour à tour danseuse et courtisane, avant d’épouser l’empereur Justinien en 525. Le personnage romanesque de Théodora connaît un succès inégalé quand, en 1884, Sarah Bernhardt interprète le rôle de l’impératrice dans la pièce de Victorien Sardou. À son tour, l’actrice inspire de nombreux portraits peints comme celui de Benjamin Constant (1887) qui se présente comme le modèle le plus proche de la version sculptée de Jean Rivière.
Le 21 juin dernier, chez Sotheby’s Paris, l’État préemptait pour le compte du Musée des Augustins (Toulouse) la sculpture Théodora de Jean Rivière (1853-1922). Dans la même vente, le Musée des beaux-arts d’Orléans s’adjugeait un portrait d’homme à l’huile de Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), parti à 26 250 euros, frais inclus.
Né en 1853, Jean Rivière grandit à Toulouse dans une famille d’artisans du bois. Dès l’âge de 13 ans, il entre à l’école des beaux-arts où il étudie pendant douze années émaillées de nombreuses récompenses dont un 2e prix avec éloges au petit prix de sculpture en 1879. Ces années d’apprentissage sont aussi celles de solides amitiés scellées avec les peintres Henri Martin, Henri Marre, Paul Gervais et Henri Loubat, ainsi qu’avec le sculpteur Antoine Bourdelle. Seul à ne pas avoir obtenu le grand prix municipal – sésame pour venir étudier à Paris – Jean Rivière, l’aîné du groupe, restera toujours le fidèle confident des amis exilés dans la capitale. Le Toulousain connut toutefois quelques succès parisiens, comme la mention honorable qu’il reçoit en 1887 pour un buste primé au Salon des artistes français. À partir de 1890, Jean Rivière enseigne la sculpture ornementale à l’école des beaux-arts de Toulouse, avant de prendre la direction des Ateliers du bois en 1907. L’artiste touche-à-tout qui s’est illustré dans la réalisation de céramiques, de terres cuites polychromes et de pièces d’orfèvrerie consacre ses quinze dernières années à la confection de meubles de style Art nouveau. On connaît de lui quelques huiles peintes dans le style d’Henri Martin, qui laissa à la postérité un portrait de son ami conservé au Musée de Cahors.
Théodora est contemporaine de deux commandes prestigieuses passées par la Ville de Toulouse à Jean Rivière. Celle-ci lui confie en 1891 un décor éphémère pour la venue du président Carnot et une statue de Lavoisier pour orner la façade de la nouvelle faculté des sciences.
Les peintres toulousains Henri Marre et Joseph Artigue possédèrent chacun une épreuve de Théodora dans leur atelier. C’est l’exemplaire d’Artigue qui vient d’entrer aux Augustins. La sculpture, présentée comme le plâtre original, avait été exposée en 2017 au Musée du Pays du Vaurais dans le cadre de l’exposition « Autour d’Henri Martin : les chemins du post-impressionnisme ».
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Théodora de Jean Rivière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Théodora de Jean Rivière