AJACCIO
La conservatrice de la bibliothèque patrimoniale d'Ajaccio, qui y a découvert le premier livre d'égyptologie et obtenu son inscription au loto du Patrimoine 2019, a annoncé vendredi à l'AFP son départ, après un conflit avec la mairie sur la conservation des ouvrages et du lieu.
"Je pars parce qu'on voulait me forcer à faire une faute professionnelle. Couper le chauffage dans cette bibliothèque qui date de 1868 est strictement interdit, c'est le pire en termes de conservation", a expliqué Vannina Schirinsky-Schikhmatoff, responsable de la conservation de la bibliothèque patrimoniale. Le chauffage a été coupé à trois reprises les 29, 30 et 31 janvier, pendant 1 heure 30, le temps de la représentation d'une pièce de théâtre, "en raison du bruit occasionné par les moteurs", a confirmé à l'AFP la mairie d'Ajaccio qui assure que "des mesures de protection ont été prises".
"Nous sommes extrêmement peinés, non pas de l'objection légitime de Mme Vannina Schirinsky-Schikhmatoff, mais de sa réaction particulièrement disproportionnée", écrit la municipalité qui estime que ce "regrettable épisode vient ternir six années de travail acharné à la renaissance de ce patrimoine exceptionnel".
Classée parmi les monuments historiques en 1986, la bibliothèque héberge un fonds de 40 000 livres anciens et rares. Dans le cadre de la mission Patrimoine de Stéphane Bern, la ville d'Ajaccio a reçu en septembre 500 000 euros pour participer aux travaux de réhabilitation de la bibliothèque évalués à 1 million d'euros. La ville notait alors sur son site internet que les livres "souffraient des variations de température et d'hygrométrie accélérant leur détérioration".
Contacté par l'AFP, Stéphane Bern a indiqué avoir été "informé des difficultés rencontrées par la conservatrice de la bibliothèque patrimoniale" et lui "renouveler toute sa confiance, car c'est elle qui avait réussi à faire inscrire la bibliothèque Fesch parmi les sites de la mission Bern 2019". Stéphane Bern a précisé avoir contacté le maire d'Ajaccio Laurent Marcangeli, "visiblement embarrassé par cette affaire", qui lui a "assuré qu'il ferait tout pour y mettre bon ordre et s'assurer de la préservation du site".
Contacté par l'AFP, Franck Léandri, directeur régional des Affaires culturelles, a estimé que la mairie avait agi "en toute ignorance". "Du côté de l'Etat, une inspection doit être menée d'ici le mois d'avril", a-t-il annoncé, regrettant cette polémique "au moment où enfin on trouve les moyens de préserver, conserver et valoriser" le site et le fonds.
Cet article a été publié par l'AFP le 14 février 2020.
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Tensions au sein de la bibliothèque patrimoniale d'Ajaccio
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