Dans le cadre de leurs actions de mécénat, deux entreprises françaises ont choisi de transférer leur savoir-faire technologique et industriel au monde patrimonial. Rhône-Poulenc a achevé la restauration de l’Escalier doré de la cathédrale de Burgos, tandis que le laboratoire EDF-Valectra a remis à la reine Nour de Jordanie le rouleau de cuivre de la mer Morte, après l’avoir entièrement \"re-restauré\".
BURGOS. Conçu par Diego de Siloé en 1519, l’Escalier doré de la cathédrale de Burgos est le type même de l’escalier d’apparat. Sa double rampe ornée de bas-reliefs et sa riche balustrade auraient d’ailleurs influencé Charles Garnier pour le grand escalier de l’Opéra de Paris. Gravement endommagé, comme l’ensemble de la cathédrale, par les infiltrations d’eau de ruissellement au fil des siècles, ce chef-d’œuvre de l’architecture Renaissance a pu être restauré grâce au mécénat de la Fondation Rhône-Poulenc-Institut de France. Celle-ci a apporté une contribution financière de 500 000 francs, hors valorisation des produits utilisés et des équipes techniques, estimée à environ la moitié de cette somme. Les ingénieurs ont assaini les pierres, éliminé l’humidité, traité les joints et les fissures, tandis que les parapets et les rampes en fer forgé étaient déposés pour être traités en laboratoire. Deux autres projets menés par la fondation sont en cours d’achèvement : la restauration des façades des palais Senatorio, Nuovo et celui des Conservateurs à Rome et, au Viêt-nam, la protection des bois anciens du temple de Hiêm Lâm Cac, dans la cité impériale de Hué.
Découvert par Henri de Contenson en 1952 – cinq ans après les manuscrits en parchemin de la mer Morte exposés à Jérusalem (lire encadré) –, le rouleau de cuivre de la mer Morte du Musée d’Amman a retrouvé une seconde jeunesse. Après avoir séjourné près de deux millénaires dans une grotte de Qumrân, le métal était en grande partie minéralisé et complètement oxydé, nécessitant, en 1956, la découpe du rouleau en 23 demi-cylindres lors de l’intervention du laboratoire de restauration de l’université de Manchester. Depuis, les signes de reprise de l’oxydation ont conduit les autorités jordaniennes à faire appel à EDF, en 1993, pour la "re-restauration" et la consolidation de ce document unique. Un fac-similé en cuivre du rouleau, ainsi qu’une image numérique du texte gravé en hébreu carré ont également été réalisés par le laboratoire EDF-Valectra, qui valorise l’ensemble de ces opérations à 1,7 million de francs. Menée par Émile Puech, une nouvelle lecture a permis de préciser la traduction initiale en ramenant le nombre de cachettes de trésors mentionnées de 64 à 61. Et surtout, l’épigraphiste a "résolument écarté la thèse qui tendait à s’imposer d’une liste de cachettes du trésor officiel du temple de Jérusalem mis en sûreté dans le désert", au profit d’une liste de caches aménagées pour les biens de la secte juive des Esséniens.
Royal trafic
Selon des documents américains et britanniques récemment déclassifiés, l’oncle du roi Hussein de Jordanie, Sharif Nasser, aurait proposé en 1961 à l’ambassadeur des États-Unis en poste à Amman d’acquérir un des rouleaux de parchemin de la mer Morte aujourd’hui exposés au Musée du Livre de Jérusalem. Il s’agit probablement du rouleau du Temple, découvert en 1967 chez un marchand arabe par les troupes israéliennes qui occupaient Bethléem pendant la guerre des Six Jours. Racheté 105 000 dollars à l’intéressé, celui-ci avait déclaré l’avoir acquis six ans auparavant.
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Savoir-faire industriels et technologiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Savoir-faire industriels et technologiques