La Fondation Bemberg a fait crépiter les enchères en s’adjugeant un magnifique saint Sébastien du peintre baroque Mattia Preti (1613-1699).
Expertisé par le Cabinet Turquin (Paris), le tableau inédit a été authentifié et daté vers 1650-1652 par le professeur John T. Spike. Ce dernier compare le Saint Sébastien aux évangélistes que Preti peignit à la même période aux écoinçons de la coupole de San Biago à Modène. 
Mattia Preti donna plusieurs versions du martyre de Sébastien. Celle acquise par la Fondation Bemberg se distingue par la position du saint, face à l’arbre auquel il est attaché et non dos à lui. Ce choix original concourt au dynamisme de la composition qui joue sur les lignes obliques du bras et des flèches qui croisent la trajectoire de la lumière théâtrale.
Ce nouvel achat conforte les efforts de la Fondation pour compléter son fonds de peintures anciennes qui s’est enrichi, en 2018, de deux autres tableaux importants du XVIIe siècle signés Zurbaran et Pietro Paolini. Récemment, une toile plus tardive de Michel-Ange Houasse a été acquise auprès de la Galerie Talabardon & Gautier (Paris).
Au début des années 1630, Mattia Preti, né à Taverna, en Calabre, rejoint à Rome son frère peintre, Gregorio, et découvre à ses côtés les splendeurs baroques de la Ville éternelle. Il s’entiche aussitôt des inventions du Caravage dont il fait fructifier l’héritage en reproduisant ses effets dramatiques de clair-obscur. Du maître lombard, il cultive également le goût pour les détails réalistes, comme ici les ongles noirs du martyr, la plaie sanguinolente à son côté droit ou encore la peau de son cou tannée par le soleil. D’autres influences manifestes sont engrangées par le peintre au cours de ses voyages à Venise et à Bologne, où il étudie Titien et Véronèse, Carrache et Guerchin. À son retour à Rome, en 1646, il bonifie la somme de ses expériences en se voyant confier d’ambitieuses commandes telles que les fresques du chœur de Sant’Andrea della Valle où travaillent au même moment Le Dominiquin et Lanfranco.
À Carcassonne, le 27 avril 2019, le marteau de Maître Charlotte Pascal faisait trembler l’hôtel des ventes en tombant à 460 000 euros (sans les frais) pour le Saint Sébastien acquis par la Fondation Bemberg, à Toulouse. Un prix bien au-dessus des 120 000 euros au-delà de l’estimation haute, mais en relation avec la qualité muséale de l’œuvre provenant d’une collection privée languedocienne.
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Saint Sébastien de Mattia Preti
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Saint Sébastien de Mattia Preti