Le Musée national libanais, situé en pleine zone des combats durant la guerre civile (1975-1990), a rouvert ses portes après 22 ans de fermeture. Le bâtiment ocre de style néo-hellénistique, construit dans les années trente lors du mandat français sur le Liban, était devenu pendant la guerre un symbole de la division de Beyrouth entre le secteur chrétien et celui à majorité musulmane, ainsi qu’une cible privilégiée des franc-tireurs.
BEYROUTH - Situé sur la ligne de démarcation qui séparait les milices rivales, il avait donné son nom au “passage du Musée”, souvent l’unique point de contact entre les deux parties de la capitale, seul chemin pour des milliers de Libanais qui, bravant les bombes et les kidnappeurs, le traversaient pour aller à leur travail ou rendre visite à leurs parents. Il a fallu 3 millions de dollars (18 millions de francs), rassemblés par le gouvernement et des associations privées, pour restaurer les colonnades, la façade grenelée par la mitraille, certaines salles vandalisées par les combattants qui s’étaient rendus maîtres des lieux, et les œuvres, a précisé Camille Asmar, directeur général du Service des Antiquités. Un franc-tireur avait percé un trou dans une mosaïque du Ve siècle ornant l’un des murs afin d’ajuster l’angle de ses tirs. Une mosaïque du IIIe siècle représentant Calliope a été mutilée par des éclats d’obus.
Les œuvres principales ont été sauvées du pillage grâce à la perspicacité de l’ancien conservateur, Maurice Chéhab, qui les avait enfouies sous du béton. Bijoux, statues phéniciennes et monnaies des époques phénicienne, grecque, romaine, perse, byzantine et arabe avaient été cachés ou déposés à la Banque centrale. Parmi les pièces les plus prestigieuses figure le sarcophage d’Ahiram, roi de la ville phénicienne de Byblos (XIIIe siècle av. J.-C.). Les bas-reliefs sont ornés des premiers textes découverts de l’alphabet phénicien, considéré comme le précurseur de tous les alphabets actuels. Le musée possède 26 autres sarcophages ornés de bas-reliefs datant des Ve et IVe siècles av. J.-C.
“Pour le moment, cent pièces majeures sont exposées. Des travaux sont encore nécessaires avant d’ouvrir au public la galerie supérieure, où seront présentées les œuvres de plus petit format”, a indiqué Camille Asmar.
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Réouverture du Musée national libanais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Réouverture du Musée national libanais