Radiographier la peinture

Si les livres de radiologie médicale occupent des rayonnages entiers, chacun spécialisé sur une partie du corps, rien n’existe alors pour guider les restaurateurs d’œuvres d’art dans l’analyse d’une radiographie de peinture. Trente ans plus tard, Élisabeth Ravaud publie l’ouvrage qui lui a tant manqué au début de sa seconde carrière : un véritable guide en deux tomes – l’un de textes, l’autre d’images –, détaillant tous les phénomènes observables sur une radiographie d’œuvre d’art, en anglais pour que sa diffusion soit la plus large possible. L’ouvrage résume trois décennies d’expérimentations et adapte la thèse soutenue par l’ingénieure de recherche du C2RMF en 2011. « Il est destiné à aider les professionnels de la restauration, du patrimoine, mais tous les lecteurs qui ont le goût de l’art peuvent le feuilleter », précise-t-elle. Riche d’illustrations, didactique et pédagogique, ce manuel scientifique veut divulguer une approche de la radiologie de peinture qui, selon son auteur, s’arrête bien trop souvent aux manifestations les plus spectaculaires. Les fameux repentirs, qui gardent la trace d’un travail préparatoire, ne sont que la face la plus visible des informations contenues dans une radiographie. Pour aller plus loin, Élisabeth Ravaud organise son ouvrage couche par couche, commençant par les dessins et repentirs, puis descendant jusqu’aux enduits préparatoires, pour enfin s’attarder sur le support lui-même. Alors que ses collègues s’arrêtaient aux fantômes iconographiques, la radiologue de formation s’est spécialisée dans l’analyse des cernes des panneaux de bois, informations capitales pour déterminer la provenance d’une œuvre. Pour chacun des cas de figure présentés, un exemple – fameux ou non – passé sous l’œil des experts du C2RMF est utilisé comme illustration : une véritable mine d’informations.