La Galerie Michel Descours a généreusement offert au Musée du Vieux Nîmes et des cultures taurines le tableau d’un autre Velázquez : Eugenio Lucas.
Suivant le conseil avisé d’Alain Chevalier, conservateur du Musée de la Révolution française de Vizille, le galeriste lyonnais Michel Descours a choisi le Musée du vieux Nîmes et des cultures taurines comme donataire de l’exceptionnel Portrait équestre de Pepe Hillo qu’il avait lui-même découvert en Espagne cinq ans plus tôt. Avant de rejoindre le parcours des collections permanentes, l’œuvre peinte par Eugenio Lucas Velázquez est présentée jusqu’au 6 octobre dans l’exposition « De la tauromaquia à la goyesque, hommage à Francisco de Goya ».
Cinquante ans après l’accident mortel de Pepe Hillo, pris dans les arènes de Madrid par le taureau Barbudo, le 11 mai 1801, le jeune peintre madrilène Eugenio Lucas Velázquez (1817-1870) lui rend hommage en réalisant ce portrait équestre presque grandeur nature. Le souvenir de la mort tragique du matador avait été immortalisé par Goya qui en avait tiré une suite gravée.
Le peintre a choisi de ne pas représenter le matador dans l’arène vêtu de son habit de lumière mais, plus sobrement, le riche propriétaire de fincas (domaines ruraux) qu’était devenu Pepe Hillo, de son vrai nom José Delgado Guerra, né en 1754. Enrichi par la corrida, il put acquérir et vendre à son tour des taureaux de combat, dont on peut voir un troupeau à l’arrière-plan, dans le cadre formé par le membre antérieur gauche du cheval.
À première vue, rien n’indique qu’il s’agit d’un portrait de matador au sommet de sa carrière. Le modèle de botte en cuir souple qui lui galbe le mollet droit est d’ailleurs spécifique aux vendeurs de taureaux de combat. Cependant, deux détails vestimentaires trahissent le premier métier de Pepe Hillo : d’abord, la montera, la coiffe traditionnelle des toreros à pied, puis le foulard de soie noué à la taille et le mouchoir blanc dépassant du gilet qui témoignent d’une pratique courante entre matadors. Rivaux en piste comme en amour, ils avaient l’habitude d’exhiber, comme des trophées, les atours de leurs conquêtes féminines. L’ornement le plus flatteur de cette panoplie équestre est la magnifique étole frangée qui donne à la composition sa puissante verticalité.
La rivalité mémorable de Pepe Hillo avec Pedro Romero (1734-1839), l’autre grand torero du moment, l’incita à fixer les règles de la corrida. Cette entreprise aboutit, en 1796, à la publication de la toute première codification écrite du spectacle (La Tauromaquia, Arte de torear). Les techniques de combat qu’elle décrivait étaient censées écarter le matador de tous les dangers. En théorie seulement.
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"Portrait équestre de Pepe Hillo" de Velázquez
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : "Portrait équestre de Pepe Hillo" de Velázquez