Quatre ans et demi après le sinistre, la restauration du Palais du Parlement de Bretagne a franchi une étape décisive avec l’achèvement du gros œuvre. Bilan d’un chantier au cours duquel les difficultés n’ont pas manqué.
RENNES - En juillet dernier, les échafaudages ont enfin été ôtés du Palais du Parlement, annonçant la fin du gros œuvre sur ce qui est actuellement le plus important chantier des Monuments historiques en France. Un an et demi de travaux et 140 millions de francs (dont 22 pour le sauvetage) ont été nécessaires à la reconstruction de l’édifice de Salomon de Brosse après le désastre du 4 février 1994. La venue du Premier ministre d’alors, Édouard Balladur, avait, si l’on ose dire, mis le feu aux poudres dans une ville en proie à de violentes manifestations de pêcheurs en colère. Aussi l’État ne pouvait-il faire moins que de s’engager financièrement de façon significative. “Normalement, ce sont les ministères affectataires qui prennent en charge les restaurations mais, en raison du caractère exceptionnel du sinistre, le ministère de la Culture a largement contribué”, explique François Barré, directeur de l’Architecture et du Patrimoine, pour démontrer la mobilisation de l’administration. Ajouté aux dons importants recueillis par l’Association pour la Renaissance du Palais du Parlement, cet effort financier, à la mesure de l’émotion populaire, a permis que soit menée si vite une restauration de cette ampleur.
L’incendie, provoqué par un feu de détresse, avait ravagé toute la charpente, mais les planchers du premier étage avaient tenu bon et, ainsi que le souligne Alain-Charles Perrot, architecte en chef des Monuments historiques, “tout s’est fait dans les premières heures”, “les galeries étaient étayées dès le premier soir”. Si les toiles ont été évacuées, les lambris ont été laissés en place, de peur de ne pas savoir comment les remonter. Mais il ne restait rien de la superbe voûte lambrissée et moulurée surmontant la Salle des pas perdus, partie en fumée avec la toiture. Il a fallu avant toute chose débarrasser l’édifice de monceaux de cendres et de gravats, sans parler de l’eau stagnant dans les étages. L’humidité extrême a en effet été un souci permanent pour les responsables du chantier, notamment sur les plafonds en bois sculpté : les restaurateurs devaient concilier l’inconciliable, car les produits pour le refixage de la dorure et de la peinture nourrissaient les champignons, tandis que les fongicides annulaient l’effet des colles.
Après la pose de nouveaux planchers a commencé la reconstruction de la charpente qui, dès le départ, a provoqué une polémique. Il ne pouvait être question de restituer la forêt de poutres dans les combles de l’aile sud, pour la simple raison qu’il n’en existait pas de relevé précis. De plus, les assemblages n’étant pas connus, le risque était grand de faire un pastiche, sans parler du coût exorbitant. L’architecte a donc proposé une charpente mixte mariant métal et bois, solution à laquelle tout le monde a fini par se ranger. La structure métallique a été montée devant le Palais et mise en place à l’aide d’une grue de 1 000 tonnes. Elle repose sur les murs de refend renforcés par une paroi en béton, épargnant sa charge aux murs extérieurs, et supporte les chevrons en bois.
Face à l’ampleur des destructions s’est aussi posée la question des restitutions : bon nombre de sculptures abîmées au niveau des métopes ont été tout simplement refaites à l’identique ; de même, la voûte moulurée de la Salle des pas perdus sera reproduite et posée à la fin des travaux. En revanche, un concours a été lancé pour la création d’œuvres “analogues” aux figures allégoriques en plomb qui, au XIXe siècle, avaient remplacé les sculptures détruites pendant la Révolution sur les toits de la façade sud. Du sol, la différence devrait passer inaperçue.
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Palais du Parlement de Bretagne : la reconstruction est achevée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Palais du Parlement de Bretagne : la reconstruction est achevée