Le Museum Brandhorst d’art moderne et contemporain est le nouveau joyau culturel de Munich. Son ouverture est prévue pour le printemps prochain.
MUNICH - Après une dizaine d’années de préparation, le Museum Brandhorst est sur le point d’ouvrir ses portes à Munich. En 1999, Carla Schulz-Hoffmann, directrice adjointe des Bayerische Staatsgemäldesammlungen (Collections d’art de l’État de Bavière) avait conclu un accord entre l’État de Bavière et les collectionneurs Udo et Anette Brandhorst – cette dernière est décédée un an plus tard. Le couple s’était engagé à donner sa collection d’art moderne et contemporain à la Bavière sous la forme juridique d’une fondation. En échange, le Land bavarois leur a promis de construire un musée portant leur nom. Affichant son ambition, cet arrangement s’est posé en exemple d’une alliance réussie entre le mécénat privé et le financement culturel public.
Carla Schulz-Hoffmann ayant mené les négociations pour la venue de la collection Brandhorst à Munich, la nomination d’Armin Zweite, choisi par Udo Brandhorst, au poste de directeur de la collection et directeur général de la fondation a été une surprise. Réputé pour ses qualités curatoriales, Armin Zweite a dirigé la Städtische Galerie im Lenbachhaus à Munich de 1974 et 1990, avant de se distinguer à la tête de la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen (Collection d’art de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie) à Düsseldorf de 1990 à 2008. Le gouvernement local ayant reporté l’agrandissement des espaces de la Kunstsammlungen [les travaux sont en cours], Armin Zweite a préféré quitter ses fonctions à Düsseldorf. « Le potentiel artistique de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie est très important. Mais le Land de Bavière se plie plus volontiers aux besoins des collectionneurs, et la chance que la collection Brandhorst fasse partie du paysage muséal munichois en pleine croissance ne pouvait tout simplement pas être surpassée », explique Armin Zweite. Deux grandes collections particulières ont déjà quitté Cologne pour Munich : la collection Brandhorst, et la collection Stoffel à la Pinakothek der Moderne.
Conçu par les architectes berlinois Sauerbruch Hutton, l’édifice rectangulaire sur deux étages du Museum Brandhorst vise à établir de nouveaux standards d’architecture muséale. Les températures sont régulées par les murs et les sols, et l’énergie thermale est utilisée de manière à réduire les dépenses en électricité. Un espace polygonal situé au-dessus du foyer a été spécialement conçu au cœur du musée pour présenter les douze tableaux Lepanto de Cy Twombly. Cette série ne représente qu’une fraction de la collection Brandhorst, riche d’environ sept cents pièces dont l’estimation totale dépasse les 100 millions d’euros. Citons parmi les artistes : Joseph Beuys, Mario Merz, Sigmar Polke, Bruce Nauman, Robert Gober, Gerhard Richter, Jean-Michel Basquiat, John Chamberlain, Eric Fischl, Alex Katz et Damien Hirst, auxquels s’ajoutent Malevitch, Schwitters, et Miró pour les œuvres sur papier. Dan Flavin et Mike Kelley y sont particulièrement bien représentés, tout comme à la Pinakothek der Moderne adjacente. Mais Armin Zweite ne craint pas les redondances : « Nous allons nous concentrer sur des domaines différents. Nous ne nous intéresserons pas aux classiques modernes et nous n’avons pas envie d’être en compétition avec, par exemple, l’ensemble des Baselitz de la Pinakothek der Moderne. Nous avons également la place et les équipements pour montrer des installations vidéo. Néanmoins, nos atouts majeurs sont la cinquantaine d’œuvres de Twombly [la plus grande collection en dehors des États-Unis] et La Cène d’Andy Warhol »
Des fonds de dotation
Si la Bavière prend en charge le fonctionnement du musée, la collection est, elle, financée par une fondation établie par les Brandhorst en 1991. Grâce aux intérêts obtenus par le fonds de dotation, le musée dispose d’environ 2 millions d’euros annuellement pour financer ses acquisitions et ses projets de recherche. « Les Collections d’art de l’État de Bavière ont un budget d’acquisitions de 40 000 euros pour tous leurs musées. Ici, nous parlons d’environ 2 millions par an », indique Armin Zweite, qui siège au comité consultatif avec Udo Brandhorst. Tous deux ont décidé de faire l’acquisition d’une œuvre d’Isaac Julien, d’une installation de Mike Kelley et d’un ensemble de sculptures de Franz West. Udo Brandhorst siégeant au conseil de la fondation, il supervise la collection, mais la fondation reste sous le contrôle du Land bavarois. Une zone d’ombre demeure pourtant : qu’arrivera-t-il si Udo Brandhorst décide de vendre une œuvre ? Armin Zweite reste confiant : « Théoriquement, une vente est possible […] mais elle nécessitera le feu vert de l’office de contrôle de la fondation, autrement dit le gouvernement bavarois. » La date d’ouverture du musée n’a pas encore été fixée. « À cause de ses exigences technologiques complexes, le bâtiment n’a pas encore été approuvé par le Bureau d’ingénierie publique », précise Armin Zweite.
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Munich s’offre le Museum Brandhorst
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°298 du 6 mars 2009, avec le titre suivant : Munich s’offre le Museum Brandhorst