Centrée sur les années 1980 et 1990, la collection de la Fondation La Caixa, qui sera présentée à CaixaForum, a été constituée par María Corral. Cet ensemble parmi les plus importants d’Espagne, qui compte des œuvres de Beuys ou de Kounellis, a pour vocation de mettre en perspective l’art espagnol avec la création internationale. Si l’ancienne directrice des collections voit, avec l’inauguration du centre, une étape s’achever, elle ne fait aucun lien entre sa décision et celle de Lluís Monreal.
Pourquoi avez-vous décidé d’abandonner la direction de la collection de La Caixa ?
Comme le dit T. S. Eliot, il y a un temps pour chaque chose, un temps pour semer et un temps pour récolter. Ma collaboration n’a plus lieu d’être puisque la collection dispose désormais d’un espace d’exposition permanent. Or, je me suis longuement battue pour obtenir cet espace. Lorsqu’en 1987, j’ai appris que la mairie de Barcelone souhaitait transformer l’usine Casaramona en espace culturel, je n’ai cessé de défendre le projet du CaixaForum. Mais je dois désormais rejoindre Madrid pour des raisons personnelles.
Maintiendrez-vous une relation quelconque avec la collection ?
Non, je ne le souhaite pas. Le nouveau responsable doit avoir une totale liberté d’action, comme celle que j’ai eue. Constituer une collection pour une institution privée est une chose vraiment difficile. Les artistes produisent beaucoup, mais il y a peu de pièces de qualité suffisante pour figurer dans les musées. J’ai dû travailler infiniment plus qu’un directeur de musée, je devais être la première dans les ateliers, les galeries, les salons ou les expositions... puis convaincre le galeriste et l’artiste que l’œuvre gagnerait à être exposée à CaixaForum plutôt qu’à la Tate ou au MoMA.
Votre départ coïncide avec celui de Lluís Monreal jusqu’alors directeur de la fondation. Quelle est votre opinion sur son travail ?
Je n’ai pas d’avis car je n’ai pas travaillé avec lui. J’ai toujours travaillé avec Josep Vilarasau. Je crois que les lignes directrices vont changer : il y aura plus d’expositions d’art et moins d’expositions d’ethnographie, ce qui, de mon point de vue, est positif.
Quelle a été votre préoccupation principale pour l’installation d’une partie de la collection dans l’usine Casaramona ?
Il y a au total près de 700 œuvres et nous n’allons présenter que 15 % de la collection. Les grands noms seront présents avec les installations importantes de Beuys, Kounellis, Merz et Anselmo, exposés avec les autres générations. Nous avons sélectionné les œuvres des artistes des années 1960 et 1970 en relation avec l’art des années 1980 et 1990. Tous les médiums ont trouvé place au sein de la collection : peinture, vidéo, installation, photographie... Chaque fois qu’un accrochage est réalisé, il est différent, les œuvres établissent un autre dialogue avec l’espace. Les accrochages doivent être créatifs.
Après le Musée Reina Sofia, que vous avez dirigé pendant quatre ans, et la Fondation La Caixa, quels sont vos projets ?
Je viens de terminer le projet pour le futur musée de Santander : à la fois un musée de préhistoire, d’histoire, des beaux-arts et d’art contemporain, qui fera l’objet d’un concours. Je travaille également comme commissaire de l’exposition itinérante “Hernández Pijuán” qui sera tout d’abord accueillie par le Macba. Avec José Miguel Cortés et Juan Vicente Aliaga, nous travaillons également à un projet pour l’Espace d’art contemporain de Castellón. Par ailleurs, Juan Manuel Bonet m’a demandé de préparer une exposition “Julian Schnabel” pour le Musée Reina Sofia. Dans l’immédiat, je me consacre à la Biennale de Pontevedra dont je suis commissaire pour la deuxième fois.
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María Corral, ancienne directrice de la collection de la Fondation La Caixa
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°143 du 22 février 2002, avec le titre suivant : MarÁa Corral, ancienne directrice de la collection de la Fondation La Caixa