PARIS
Seize années se sont écoulées entre l’idée de créer un nouvel espace consacré aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et l’inauguration du Musée du quai Branly en juin 2006.
Depuis longtemps, les « deux Jacques » rêvaient de rendre leur place aux arts premiers. En 1990, Jacques Kerchache, marchand d’art premier et collectionneur boulimique, croise pour la première fois Jacques Chirac sur une plage de l’île Maurice. Kerchache suggère alors au futur candidat à la présidence de la République d’inscrire, une fois élu, son rêve dans la « pierre » d’un musée. En novembre 1995, Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture de Jacques Chirac, qui vient d’être élu président de la République, annonce la mise en place d’une commission chargée d’étudier les modalités de l’entrée des arts premiers au Louvre. Il faudra quatre années pour que le projet présidentiel aboutisse. En avril 2000, 120 chefs-d’œuvre des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques font leur entrée au Louvre, au sein du pavillon des Sessions. Le musée sera installé sur deux sites : au Louvre et sur un autre lieu dont le choix définitif sera précédé de quelques tâtonnements et faux pas. Jacques Chirac annonce, à l’automne 1996, la création d’un nouveau musée, au Trocadéro, qui devrait prendre le nom consensuel de Musée de l’Homme, des arts et des civilisations. Levée de boucliers au Musée de la Marine qui refuse d’être évincé. La tentative de réhabiliter un ancien musée ayant échoué, le président de la République, opte en juillet 1998, en accord avec le gouvernement Jospin, pour la création d’un nouveau bâtiment sur le site du quai Branly. L’établissement public de préfiguration du futur musée sera placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La présidence de l’établissement est confiée à Stéphane Martin, un énarque, ancien directeur de cabinet du ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy, toujours aux commandes aujourd’hui. Le musée rassemblera les collections du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (24 000 pièces au MAAO) et celles du laboratoire d’ethnologie du Musée de l’Homme (300 000 pièces environ). Le musée ouvre ses portes en juin 2006, au terme de longues années de maturation, avec l’insigne avantage d’avoir à remplir une nouvelle page blanche.
À Paris, un autre établissement public draine plus de 2,5 millions de visiteurs par an en prenant à bras-le-corps les enjeux de nos sociétés contemporaines : la Cité des sciences et de l’industrie, au sein d’Universciences qui réunit la Cité et le Palais de la découverte, déborde de plus en plus des sciences dures en s’ouvrant à l’art contemporain, l’archéologie ou la sociologie. En France, les musées de sciences et les muséums « nouvelle génération » se portent bien, à l’image du Musée des Confluences, qui a su ouvrir le propos du cœur historique de sa collection (l’ancien Muséum d’histoire naturelle de Lyon) aux questionnements sociétaux. Ces musées capitalisent sur l’image très grand public et leur visée fortement pédagogique pour attirer un public jeune et familial, autour de sujets toujours plus ouverts. Ainsi, l’exposition archéologique la plus vue de ces dernières années s’est tenue en 2011 à la Cité des Sciences : « Gaulois » a accueilli 272 000 visiteurs, un résultat à faire pâlir certains musées d’archéologie. Au Muséum d’histoire naturelle de Paris, une grande place est accordée à l’art contemporain, tandis que la Cité des sciences s’attaque à de grandes figures historiques, Léonard de Vinci et Darwin en tête. Avec toujours plus de succès populaire. F. G.
En abscisse, nous avons évalué le caractère artistique d’un musée, défini par la primauté donnée à l’objet et à la délectation esthétique.
Trois critères notés sur 10 le constituent : la proportion d’expositions stylistiques ou monographiques ; le soin prioritaire apporté à la mise en valeur des objets ; le choix des objets exposés.
En ordonnée, nous avons déterminé le caractère scientifique par trois critères également : l’importance de la contextualisation visuelle ; l’importance de la contextualisation théorique et le soin apporté à l’accessibilité de la médiation ; le dynamisme de la recherche au sein de l’institution.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’histoire et la préhistoire du Musée du quai Branly
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : L’histoire et la préhistoire du Musée du quai Branly