Situé sur l’île d’Honshu au Japon, le Gunma Museum of Art avait fait sa fierté de sa collection d’œuvres de François Pompon. Cinq ans après ces onéreuses acquisitions, les experts du Musée d’Orsay ont malheureusement décelé une proportion importante de copies dans cet ensemble de sculptures animalières. Des productions posthumes et des moulages réalisés à partir de bronzes existants l’ont été contre les souhaits de l’artiste.
PARIS-GUNMA - “Paradoxalement, l’œuvre de Pompon est plus connue à travers ses moulages posthumes”, écrivait la spécialiste Liliane Colas à propos du travail du sculpteur animalier François Pompon (1855-1933) dans le catalogue de l’exposition qui s’est tenue au Musée d’Orsay en 1995. Le musée japonais de Gunma vient de découvrir, à ses dépens, que la grande majorité de sa collection de travaux du sculpteur est constituée de moulages non autorisés, réalisés contre la volonté de l’artiste.
Étudiant d’Auguste Rodin, Pompon a produit des sculptures – majoritairement animalières – modernistes et à la surface lisse. À sa mort, en 1933, son testament stipulait qu’aucune édition ne devait être réalisée après son décès, et il demandait que les moules soient détruits. Son exécuteur testamentaire, l’artiste René Demeurisse, et par la suite sa petite-fille Anne, estimant qu’une coquette somme pouvait être obtenue de ces pièces, ont néanmoins entrepris de produire des éditions, soit d’après les plâtres originaux, soit en prenant pour moules les bronzes existants. Entre 1954 et les années 1980, une centaine de ces pièces ont été réalisées.
Au Japon, la préfecture de Gunma, dans la partie centrale de l’île principale de Honshu, a acquis entre 1995 et 1998 plus d’une centaine de sculptures de Pompon, auprès de marchands d’art de Tokyo, le tout pour une valeur de 304,27 millions de yens (2,28 millions d’euros). Cette somme représente près de la moitié du budget d’acquisition du Gunma Museum of Art, ouvert en 2001, qui a bâti sa réputation sur ses sculptures de Pompon. Les responsables du musée, qui ont contacté le Musée d’Orsay à Paris au début de l’année, ont malheureusement découvert que non seulement 34 des 52 sculptures étaient posthumes, mais aussi que trois autres étaient purement et simplement des faux.
Les marchands qui ont vendu les pièces ont refusé d’enquêter et de rembourser les acheteurs, clamant que les œuvres incriminées avaient été achetées lors de ventes aux enchères. “Nous ne les aurions jamais achetées si nous avions connu la position de l’artiste sur ces travaux réalisés après sa mort. J’avoue que c’est le résultat d’un manque de recherches de notre part”, nous a déclaré Shinsuke Kijima, le directeur du musée. Les sculptures sont, depuis, exposées dans une annexe du musée, mais sans la mention de leur titre ni de leur auteur.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les Pompon de Gunma étaient des copies
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°176 du 12 septembre 2003, avec le titre suivant : Les Pompon de Gunma étaient des copies