Les muséums en rénovation

Muséographie. L’adaptation des muséums aux nouveaux enjeux environnementaux et sociétaux est aujourd’hui attendue. Depuis quarante ans, les rénovations s’enchaînent en ce sens. Et cette dynamique a clairement pris de l’ampleur ces dernières années. Un grand nombre de muséums ont engagé ou prévoient de lancer des travaux pour proposer une muséographie plus actuelle, qui fait la part belle aux problématiques liées à l’environnement, à la biodiversité et au changement climatique.

C’est cette ambition qui anime le chantier de rénovation du Musée d’histoire naturelle de Lille [voir ill.], fermé depuis 2024. Les travaux, chiffrés à 22 millions d’euros, vont lui permettre de doubler sa surface d’exposition, en réaménageant certains espaces et en construisant une passerelle reliant ses trois ailes. Le musée devrait rouvrir en 2026 sous le nom de « Muséum de Lille – Sciences et sociétés », un rebranding [changement dans l’identité d’une marque] révélateur de son nouveau positionnement. Cette approche interdisciplinaire régit aussi la rénovation du Musée zoologique de Strasbourg, en travaux depuis 2019. Mise aux normes du bâtiment, agrandissement des espaces d’exposition, scénographie repensée…, le projet a été élaboré avec l’université de Strasbourg et des acteurs de la recherche pour faire du muséum un lieu d’échange, en phase avec les débats sociétaux actuels. Il prévoit de rouvrir au cours de l’année, à l’instar du Muséum du Havre. Fermée depuis 2022, l’institution normande poursuit actuellement sa réhabilitation. Elle avait engagé des travaux de performance énergétique cinq ans auparavant, et s’attelle depuis à la restauration de son bâtiment du XVIIIe siècle. L’occasion de concevoir un nouveau parcours de visite, jalonné de modules ludiques et dispositifs numériques interactifs.

Autre grand chantier de rénovation, cette fois-ci en préparation : celui du Muséum de Nantes, prévu de 2026 à 2029. Avec un budget fixé à 46 millions d’euros, le projet consiste à rénover et reconfigurer le bâtiment pour doubler les surfaces ouvertes à la visite (qui atteindront près de 4 000 m²). L’intention étant d’actualiser le discours en préservant l’esthétique du XIXe siècle qui plaît aux visiteurs, tout en aménageant des alcôves à la scénographie contemporaine.

Poussant plus loin cette orientation sociétale, plusieurs muséums fusionnent avec des collections d’art et d’archéologie. Ils privilégient ainsi la place de l’humain dans la nature, son appartenance au territoire. À Rouen (Seine-Maritime), le projet Beauvoisine réunit le Musée des antiquités et le Muséum d’histoire naturelle, pour créer un unique parcours chronologique en lien avec les problématiques environnementales. L’ambitieux chantier – estimé à 68 millions d’euros – comprend la construction, de 2024 à 2028, de deux parvis ainsi que d’une verrière dans le cloître. Au Mans (Sarthe), le Musée Vert a quant à lui récemment fermé ses portes pour déménager au Carré Plantagenêt. Ses collections de sciences naturelles rejoindront celles ethnologiques du Musée de la Reine-Bérengère et les fonds archéologiques du Musée Jean-Claude-Boulard. L’objectif : créer un « musée de territoire » dont le parcours débute aux temps du Jurassique et du Crétacé.

Loin d’être propre aux muséums français, cette dynamique est symptomatique d’un changement qui s’opère à plus grande échelle. En atteste le plan de rénovation à 650 millions de dollars du Muséum de Londres, qui prévoit de déménager un tiers de ses collections dans un centre universitaire scientifique d’ici à 2031.