Les chefs-d’œuvre impressionnistes du Musée d’Orsay ont attiré les foules à Pékin.
Réalisé en collaboration avec notre partenaire éditorial The Art Newspaper, ce palmarès propose un panorama mondial de la fréquentation des expositions en 2004. La tendance générale de l’année est à la hausse, avec plus de 250 expositions comptabilisant plus d’un millier de visiteurs par jour, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2003 – par souci de lisibilité, nous avons limité notre tableau aux expositions accueillant plus de 1 500 visiteurs par jour. Les amateurs japonais ont dominé les statistiques mondiales avec plus de 7 500 visiteurs qui se sont pressés chaque jour au Musée national de Tokyo pour admirer les « Trésors d’une Montagne sacrée : Kûkai et le mont Kôya ». Mais l’année 2004 est celle du sacre du peintre espagnol El Greco dont les œuvres mystiques ont enchanté les foules à New York et Londres. Un succès qui démontre l’intérêt encore marqué pour la peinture ancienne. La délocalisation est non seulement à la mode, mais elle fait fureur : les chefs-d’œuvre du MoMA (Museum of Modern Art, New York) présentés à Berlin ont attiré 1,2 million de visiteurs, tandis que ceux du Musée d’Orsay ont été particulièrement appréciés à Pékin et Melbourne. Preuve que l’art moderne fait toujours recette, à l’instar de l’impressionnisme avec en tête Édouard Manet, accueilli tel un fils prodigue au Prado (Madrid) et admiré au Musée Van Gogh d’Amsterdam. Gauguin le Tahitien assure une quatrième à Paris, suivi de près par le Catalan Joan Miró au Centre Pompidou (9e place), l’Italien Sandro Botticelli au Musée du Luxembourg (16e place) et le Nabi Édouard Vuillard au Grand Palais (20e place). Autre surprise : la première exposition d’art contemporain, la rétrospective James Rosenquist présentée au Guggenheim Museum de Bilbao n’arrive que vingt et unième au classement général, talonnée de près par... la rétrospective James Rosenquist au Guggenheim Museum de New York (22e place).
Méthodologie
Plus de 800 musées internationaux ont été contactés pour établir ce palmarès. Certains n’ont pas souhaité nous fournir de chiffres, ce malgré des demandes réitérées, comme le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ou les Musées d’État de Berlin. Le MoMA a décliné l’offre de figurer sur la liste, au vu de « l’espace de fonctionnement réduit » dont il disposait dans le quartier du Queens, où le musée était délocalisé pendant la durée des travaux de rénovation, lesquels se sont achevés au mois de novembre. Le classement est organisé selon le taux de fréquentation quotidienne. Les chiffres sont le résultat de la division du nombre total de visiteurs par le nombre de jours d’ouverture. Les expositions achevées après le 31 décembre 2004 figureront dans notre classement 2005. Beaucoup d’institutions limitent à un seul billet l’accès à l’ensemble du musée et ne calculent pas la fréquentation spécifique à chaque exposition, ainsi le Musée d’Orsay à Paris. Enfin, la National Gallery de Londres est en accès libre, mais fait payer l’entrée des expositions temporaires.
TOP TEN DE L’ART CONTEMPORAIN - En 2003, deux expositions monographiques – Thomas Struth et Richard Avedon, toutes deux au Metropolitan Museum of Art (Met), à New York – dominaient la liste des manifestations d’art contemporain. Cette année, James Rosenquist occupe à lui seul les deux premières places de ce classement. Sa rétrospective aux Guggenheim Museum de New York puis de Bilbao totalise plus de 770 000 visiteurs. L’artiste danois Olafur Eliasson se distingue en se positionnant cinquième avec une installation présentée seulement pendant une semaine à la Schirn Kunsthalle de Francfort. La ville de New York, avec 6 expositions au Top 10, est très présente. La Fondation Guggenheim (New York et Bilbao) est à égalité avec le Met, avec chacun trois expositions.
TOP TEN DE LA PEINTURE ANCIENNE - El Greco a régné sur l’année 2004, attirant 350 000 visiteurs de plus au Metropolitan Museum of Art à New York qu’à la National Gallery de Londres. Le peintre espagnol a volé la vedette à Botticelli qui, au Musée du Luxembourg, à Paris, a comptabilisé 428 000 visiteurs (!) de plus qu’à Florence, ainsi qu’à Rubens qui a fait les beaux jours de Lille et Vienne. Depuis sa réouverture, l’Albertina observe une politique de programmation soutenue, et place deux expositions au Top 10. Mais les Offices triomphent avec trois expositions.
TOP TEN DE L’ART ANTIQUE - Les visiteurs japonais sont toujours friands d’expositions sur les trésors de la Chine antique, ce qui explique les très bons chiffres obtenus par le Musée national de Tokyo. Manifestation phare de 2003 à Londres et Berlin, « Les Aztèques » a renouvelé son succès à Bonn. L’une des vedettes surprises est le Tétradrachme d’Aitna, la pièce de monnaie en argent la plus chère au monde, au cœur de l’exposition « La pièce des pièces » à Jérusalem. L’Égypte attire toujours les foules, ce malgré la surprenante différence de fréquentation pour l’« Égypte éternelle », qui a attiré 3 465 personnes par jour en moyenne à Toronto contre 797 à Baltimore. « Pharaon », actuellement visible à l’Institut du monde arabe, figurera certainement au Top 10 en 2005.
TOP TEN DE L’ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE - 1,2 million de visiteurs se sont rués à la Neue Nationalgalerie de Berlin pour admirer les 200 œuvres prêtées par le Museum of Modern Art, dont le quartier général à Manhattan subissait un lifting complet. La Chine peut témoigner d’un engouement de masse similaire pour les chefs-d’œuvre du Musée d’Orsay (Paris) présentés au Palais des beaux-arts de Pékin. Les peintres français ont toujours la cote : Paul Gauguin à Paris, Henri Matisse à Tokyo et Édouard Manet à Amsterdam et Madrid. L’augmentation de 30 % du nombre de visiteurs au Musée du Prado est la conséquence de la programmation dynamique du nouveau directeur du musée, Miguel Zugaza.
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L’engouement de l’Asie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°211 du 18 mars 2005, avec le titre suivant : L’engouement de l’Asie