Le joyau gothique parmesan combine une rénovation à la fois historique et esthétique.
Parme. Le chantier de réhabilitation de l’église San Francesco del Prato à Parme est la synthèse à laquelle sont parvenues les deux grandes écoles de restauration italiennes. Celle de Milan était partisane d’un respect scrupuleux des stratifications historiques visibles sur le monument. Celle de Rome était adepte d’une restauration à l’identique en gommant le passage du temps. Des querelles de chapelles qui n’ont plus cours, comme en témoignent les travaux destinés à redonner toute sa splendeur à San Francesco del Prato en 2020, lorsque Parme sera la capitale italienne de la culture. Bâtie au XIIIe siècle, elle était l’une des plus importantes églises gothiques de la ville jusqu’en 1804. Les troupes napoléoniennes la transforment en prison, fonction qu’elle remplira jusqu’en 1992 avant d’être abandonnée. Ne demeure alors qu’une structure vide, dont l’intérieur a été profondément endommagé et dont la façade a été profanée avec l’ouverture de larges fenêtres rectangulaires. En 2002, sa réhabilitation en tant qu’église est décidée. Outre les fonds pour le chantier, que le diocèse de Parme finit difficilement par rassembler, se pose le problème du projet qui sera mis en œuvre. Jusqu’à quel point rétablir le plan d’origine ? Et que doit-on conserver des différentes transformations intervenues sur l’église au fil des siècles, y compris celles antérieures à son changement de fonction ? La façade devient ainsi le cœur de la réflexion. Les changements importants subis au XIXe siècle, s’ils l’ont défigurée, représentent désormais l’image du bâtiment que les habitants de Parme ont toujours connue et à laquelle ils sont attachés. Un attachement sentimental qu’il convenait de concilier avec le désir de redonner à l’édifice son aspect d’origine. La solution adoptée par Michele Zampilli, l’un des architectes en charge du chantier, a donc été de refermer les fenêtres avec des briques de la même taille et de la même teinte que celle utilisée sur le reste de la façade. Les montants des fenêtres pénitentiaires ont été laissés à leur place. De loin, l’aspect sera ainsi homogène, mais en se rapprochant les anciennes ouvertures seront décelables « évidemment pour l’œil de l’expert d’art ou d’architecture ou bien de la personne intéressée à la lisibilité historique du bâtiment. L’habitant de Parme est avant tout attaché à la qualité esthétique du résultat, souligne Michele Zampilli. Sur les flancs, les fenêtres gothiques, qui auraient dû être rétablies, ne le seront pas complètement, car elles sont en outre moins bien documentées. Une restauration idéale aurait été trop coûteuse et l’effacement de toute trace de la période carcérale du bâtiment n’était pas judicieux. C’est l’un des chantiers les plus intéressants en cours ». La hache de guerre entre les écoles de restauration italiennes y est enterrée.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’église San Francesco del Prato, le symbole d’un consensus
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°526 du 21 juin 2019, avec le titre suivant : L’église San Francesco del Prato, le symbole d’un consensus