Après le séisme qui a frappé Palerme et l’ouest de la Sicile en septembre, la vallée des Temples, à Agrigente, qui
a réchappé aux secousses, fera l’objet dans les prochaines années de recherches et d’aménagements. Ceux-ci comprennent notamment une campagne de localisation
du théâtre de l’antique ville d’Akragas et la présentation du plan détaillé du Parc archéologique.
AGRIGENTE. Le pire a été évité pour la vallée des Temples, déclarée indemne après un premier examen effectué par les experts à la suite du séisme qui a frappé Palerme et l’ouest de la Sicile au début du mois de septembre, endommageant gravement œuvres d’art et monuments. L’office du Parc archéologique, présidé par Marco Salerno, a engagé une étude sur la stabilité des monuments de la vallée, en ayant recours à des “essais vibratoires” qui simulent le mouvement tellurique en laboratoire. Le contrôle de la zone des monuments a englobé les sept kilomètres de crêtes qui la traversent. Or, dans la section qui surplombe le temple de Déméter, a été rapportée la chute d’un gros rocher, tombé à moins d’une dizaine de mètres du temple. La section de crête passant sous le temple de Junon, qui vient tout juste d’être restauré, est également sous observation. Dirigée par Pietro Meli et Carmelo Bennardo, l’intervention sur le temple de Junon a porté sur la quatrième colonne septentrionale, gravement endommagée par les conséquences des restaurations effectuées dans les années 1930. Des fers insérés dans le calcaire avaient provoqué, à la suite de l’oxydation, l’élargissement des fissures des tronçons de la colonne. La solution adoptée a consisté en un cerclage en fibre de carbone. La vallée, qui depuis 1997 est classée au patrimoine de l’humanité, deviendra dans les prochains mois, grâce aux fonds de l’Union européeenne, l’objet d’une campagne de fouilles qui pourrait bien réserver un grand nombre de surprises, notamment en ce qui concerne les monuments de la ville antique, car le théâtre d’Akragas n’a toujours pas été localisé.
Le théâtre d’Akragas
La probabilité qu’il y ait eu un théâtre à Akragas, comme le prétend la directrice des Biens archéologiques d’Agrigente, Graziella Fiorentini, se trouverait confirmée par le fait que la ville fut la patrie de plusieurs auteurs dramatiques antiques, tels Empédocle (cité par Diogène Laerce), neveu du célèbre philosophe et auteur de vingt-quatre tragédies ; Archinos, auteur de soixante drames ; et Carcinos, qui avait composé trente tragédies. Les quatre fils de Carcinos étaient également actifs à Athènes, dont Senocle, qui aurait battu Euripide lors de la quatre-vingt-dixième Olympiade. Il est probable que ces auteurs aient présenté leurs œuvres dans le théâtre de leur ville. Unique source de l’Antiquité citant le théâtre, Frontino a vécu dans la première moitié du Ve siècle avant J.-C. Selon lui, en 415 av. J.-C., au temps de l’expédition athénienne dans l’île, Alcibiade aurait tenu plusieurs discours contre les Syracusains dans le théâtre de l’antique Akragas. Mais cette source serait erronée : son auteur aurait confondu plusieurs lieux. Disparaîtrait ainsi l’unique preuve documentée sur laquelle se sont appuyés tous ceux qui, autrefois, ont cité le théâtre grec d’Akragas (dont Tommaso Fazello, qui avait situé le théâtre près de l’église de San Nicola, et le Hollandais Jacob Philip d’Orville qui, au XVIIIe siècle, en repéra à tort les ruines à l’endroit où s’élève le bouleuterion). D’autres lieux ont été envisagés au cours du temps, notamment la colline de Poggio Meta et, plus au nord, celle de Poggio S. Leonardo. Les recherches qui viennent d’être lancées et qui utiliseront une technologie par satellites, grâce à un financement de 3,8 millions d’euros, pourraient bien mettre un terme au mystère et restituer son théâtre à l’antique Akragas. Le projet, financé par les fonds européens du Programme 2000, concerne également les interventions sur les zones sacrées, sur la viabilité de la zone antique, et sur les fortifications. Le 16 juin prochain, la proposition du Plan détaillé du Parc de la vallée des Temples, dont la conception a été confiée à Gabriele Giacobazzi, sera présentée. Il s’agit de la plus importante décision du conseil d’administration de l’office du Parc, un an et demi après sa fondation. En ce qui concerne les maisons abusivement élevées à l’intérieur de la zone A (sur laquelle rien ne doit être construit), la loi a bloqué les interventions de démolition jusqu’à la fin du mois de novembre ; un récent projet de loi devrait prolonger ce blocage jusqu’à l’approbation du Plan du parc. À ce moment-là, il sera également décidé du sort de la soixantaine de maisons indûment construites.
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Le théâtre perdu d’Akragas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Le théâtre perdu d’Akragas