MARSEILLE
Le Musée d’histoire de Marseille retrouve enfin ses espaces extérieurs avec le Jardin des vestiges, lesquels sont ceux de l’ancien port de Massalia.
Marseille. Entièrement rénové en 2013, le Musée d’histoire de Marseille n’avait cependant pas récupéré son parc archéologique, soit 18 000 mètres carrés de vestiges du port antique de Massalia s’étendant devant les larges verrières du musée. Pour un question de temps et de coût, le parc archéologique n’avait pu bénéficié du « plan musées » de Marseille pour se préparer à l’année « Capitale européenne de la culture ».
Six ans plus tard, le musée est enfin uni à son parc. Une évidence, qui lui redonne toute sa cohérence et légitime sa présence à l’intérieur du Centre Bourse, centre commercial historique de Marseille.
Le Jardin des vestiges, ancien parc municipal du Vieux-Port, devient le « Port antique », première étape du parcours muséographique du Musée d’histoire. Exit les bancs et les poubelles à la propreté aléatoire, bonjour panneaux, mise en lumière et végétalisation pensée comme une alliée de la conservation. « C’était un chantier très technique, où les solutions devaient être subtiles et presque invisibles », explique Corrado De Giuli Morghen, architecte de l’agence Fabrica Traceorum, basée à Marseille et chargée du projet.
Depuis les premières fouilles archéologiques menées entre 1967 et 1983, peu d’interventions avaient été réalisée sur ce site classé. Entre janvier 2018 et septembre 2019, les travaux et les fouilles entrepris ont consisté à redonner leur visibilité et leur sens aux vestiges, à construire un guichet d’entrée pourvu d’un escalier monumental, à planter 11 500 végétaux inspirés des jardins antiques et méditerranéens. Le tout pour un budget de 2,475 millions d’euros, financé pour 53 % par le Département des Bouches-du-Rhône, pour 25 % par la Ville de Marseille et 22 % par l’État.
Pour reprendre et traiter les fouilles des vestiges du port, la surveillance archéologique a été confiée de manière conjointe à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et à la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une terrasse funéraire, rare témoignage du IVe siècle av. J.-C, a ainsi été redécouverte, restaurée et documentée pendant ces fouilles. Tours, remparts, bassins, aqueduc, entrepôts et voie dallée ont été restaurés et débarrassés des plantes grimpantes et envahissantes, pour un ensemble qui devient la première salle à ciel ouvert du Musée d’histoire. Le guichet abritant la billetterie ouverte sur la rue offre une large maquette du site. On comprend alors que l’escalier monumental nouvellement créé coïncide avec l’emplacement de l’ancienne voie romaine s’insérant entre deux tours hellénistiques dont les traces sont visibles en contrebas. Auparavant, l’entrée du musée s’effectuait par une passerelle faisant office de sortie de secours pour le centre commercial adjacent. Avec cette nouvelle entrée, le musée espère gagner en visibilité à deux encablures du Vieux-Port, qui draine chaque année de plus en plus de touristes.
Depuis sa réouverture en 2013, le musée accueille entre 75 000 et 80 000 personnes par an. Une fréquentation que Fabrice Denise, à sa tête depuis mars 2018, compte bien augmenter. Le conservateur, venu du Musée départemental Arles antique, a des projets et mise autant sur les touristes que sur les clients du centre commercial voisin. « Nous allons réaménager l’entrée du musée située au niveau de la galerie marchande grâce au 1 % artistique », explique le directeur. Les Marseillais restent le cœur de cible de l’institution : l’exposition « Mémoires du quartier de la Cayolle, 1944-2019 » (jusqu’au 7 juin 2020) ouvre le musée à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire contemporaine autour d’un ancien bidonville situé aux portes de Marseille et des Calanques. Avant d’accueillir, l’an prochain, les plus beaux vases antiques de la Bibliothèque nationale de France, lors d’une exposition patrimoniale d’envergure : le grand écart réjouit déjà Fabrice Denise.
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Le port antique de Marseille reprend vie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°531 du 18 octobre 2019, avec le titre suivant : Le port antique de Marseille reprend vie