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Russie

Le mystère de la chambre d’Ambre

Par John Varoli · Le Journal des Arts

Le 2 avril 2004 - 610 mots

Une collection d’ambres disparue en 1945 aurait été localisée. Mais la célèbre chambre d’Ambre du Grand Palais Catherine reste introuvable.

MOSCOU - Disparue en 1945 du Musée d’art de Königsberg (aujourd’hui « Kaliningrad », en Russie), l’une des plus importantes collections d’ambres, connue sous le nom de « Collection du docteur Rode », aurait refait surface. « La Collection du docteur Rode est conservée dans un musée russe, dont je tairai le nom car j’ai promis de ne rien divulguer », a récemment révélé Avenir Ovsyanov, directeur du département des Objets culturels disparus au sein du gouvernement régional de Kaliningrad.
Ce dernier a d’abord déclaré que la collection datant des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles comprenait une cinquantaine de pièces, parmi lesquelles les plus beaux et les plus rares exemplaires d’ambres au monde. Il revient aujourd’hui sur ces déclarations : « Nous pouvons seulement parler de fragments car la collection est en piteux état et aurait besoin d’être restaurée, mais le musée n’a pas les fonds nécessaires. »
Fondée en 1899 et conservée à l’origine à l’Institut géologique de Königsberg, la collection d’ambres comprend entre autres des boîtes à bijoux ornés, des ustensiles et des figurines animales. Déjà considérée comme unique au monde, elle fut exposée, avant sa disparition, au Musée d’art du château de Königsberg. Cette ville qui porte aujourd’hui le nom de « Kaliningrad » se trouve dans une enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie.

Pièce mythique
L’un des plus grands mystères du XXe siècle reste le sort réservé au joyau de la collection, la célèbre « chambre d’Ambre ». Surnommée la « huitième merveille du monde », cette chambre a été offerte par Frédéric Ier, roi de Prusse, à Pierre le Grand, tsar de Russie, en 1716. Entièrement constituée de pans d’ambre sculpté, cette pièce mythique a par la suite intégré le Grand Palais Catherine à Tsarskoïe Selo – aujourd’hui « Pouchkine », à 30 km au sud de Saint-Pétersbourg. Démontée et dérobée par les nazis en septembre 1941, elle fut transférée en 1944 dans le château de Königsberg, où elle resta en caisses, par mesure de protection contre les bombardements alliés. En 1945, le docteur Alfred Rode, directeur du Musée d’art de Königsberg pendant la Seconde Guerre mondiale, a supervisé l’évacuation de la chambre d’Ambre. Mais après son interrogatoire par les troupes soviétiques, il a mystérieusement disparu, emportant avec lui le secret de la collection.
Selon Avenir Ovsyanov, la chambre d’Ambre ne figure pas parmi les découvertes récentes : « Je suis à la recherche de cette collection depuis des années, d’abord à Kaliningrad puis à Moscou et Leningrad. Finalement, il y a peu de temps, lors d’une conversation privée à l’occasion d’une conférence de musée, un directeur de musée m’a avoué la vérité. » Tenir ainsi secret l’emplacement de la collection est une violation de la loi russe sur les objets culturels ; en effet, cette loi exige l’inventaire de tous les objets qui ont intégré le pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Premier expert des trésors culturels disparus en ancienne Prusse-Orientale, Avenir Ovsyanov ajoute que la région avait été sauvagement pillée par les troupes soviétiques. De rares documents indiquent les lieux où ont échoué ces objets, alors que de nombreux trésors culturels allemands ont intégré les grands musées de Moscou et Leningrad.
« Le plus important est de sauver le reste de la collection, de la restaurer et de la replacer dans son lieu d’origine à Kaliningrad, nous a déclaré Avenir Ovsyanov. En général, la question des restitutions internes en Russie est importante ; de nombreux objets de musées russes ont été transférés dans d’autres musées russes de manière illicite. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°190 du 2 avril 2004, avec le titre suivant : Le mystère de la chambre d’Ambre

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