Italie - Musée

Le Musée Borghèse est enfin rendu aux Romains

De nouveau grand ouvert après quatorze ans de travaux

Par Francesca Romana Morelli · Le Journal des Arts

Le 4 juillet 1997 - 666 mots

Situé en limite de la Villa Borghèse, le Musée Borghèse a rouvert la totalité de ses salles après quatorze ans de travaux de restructuration et de modernisation. Mais si "la reine des collections privées du monde" a enfin trouvé un écrin à la mesure de son éclat, le jardin Renaissance qui l’entoure, lui, est toujours en cours de réaménagement…

ROME. À l’origine de l’exceptionnel ensemble d’œuvres d’art conservé au Musée Borghèse se trouve le "cardinal-neveu" préféré de Paul V, Scipion Borghèse, collectionneur et mécène possédé par une passion exclusive pour l’art et les nouveaux talents, au nombre desquels comptent le Bernin et le Caravage. En 1605, âgé de vingt-huit ans, il fit spécialement construire une villa pour y déployer ses collections archéologiques – presque deux cents pièces, dont les sculptures de l’antique basilique Saint-Pierre – et sa pinacothèque, alors la meilleure collection de peinture "contemporaine" rassemblée par un prince. Deux siècles plus tard, en 1807, de graves difficultés financières allaient contraindre Camille Borghèse à vendre à son beau-frère Napoléon Ier, pour 13 millions de francs, 344 sculptures antiques aujourd’hui au Louvre. L’un des joyaux de cette impériale acquisition, Le gladiateur Borghèse, vient d’ailleurs d’être restauré et réinstallé dans la galerie Daru. Le redéploiement des collections au sein du "nouveau" Musée Borghèse a tenté de concilier exigences muséographiques modernes et réaménagements antérieurs. Au XVIIIe siècle, en effet, les salles et la disposition des œuvres avaient déjà fait l’objet d’un complet remaniement.

Nouveau parcours des peintures
Les salons, particulièrement spectaculaires, sont de nouveau mis en valeur. Le nettoyage des décors – faux marbres, stucs et tentures de soie – exalte la virtuosité des représentations allégoriques qui ornent les voûtes. Toutes les sculptures, même celles qui sont intégrées dans la structure architectonique des salles, ont été restaurées. Les interventions les plus lourdes ont porté sur la statue de Pauline Borghèse (salle I), sculptée par Canova sous les traits charmeurs de Vénus triomphante, ainsi que sur les quatre marbres du Bernin – L’enlè­vement de Proserpine, Apollon et Daphné, Énée et Anchise et David – installés comme auparavant dans les premières salles du rez-de-chaussée (II, III, IV et VI, lire le JdA n° 26, juin 1996). La collection de tableaux est en revanche ordonnée selon un nouveau parcours qui souligne la justesse des choix de Scipion Borghèse dans la peinture de son temps, et ses géniales intuitions concernant les peintres de l’époque précédente chez qui le XVIIe siècle était déjà en germe. Exemple fameux, la Dépo­si­tion de Raphaël que le prélat fit en­le­ver de la chapelle Baglioni à Pérouse.

Réservation obligatoire
Au rez-de-chaussée, la salle du Faune dansant (VIII) regroupe toutes les toiles du Caravage, de la grande Madonna dei Palafranieri au Saint Jérôme – l’une des toutes premières acquisitions de Scipion Borghèse –, en passant par le Jeune homme à la corbeille de fruits, l’autoportrait en Bacchus malade, Saint Jean-Baptiste et David avec la tête de Goliath. Le thème de la métamorphose, dans la salle d’Apollon et Daphné bien sûr (III), est illustré par deux toiles du Ferrarais Dosso Dossi : La magicienne Circé et Apollon et Daphné. Une douzaine de salles se succèdent au premier étage, depuis la célèbre Déposition de Raphaël (salle IX) jusqu’à L’Amour sacré et l’Amour profane, l’un des chefs-d’œuvre de Titien qui conclut en beauté le parcours (salle XX). Les changements ont surtout affecté la salle XIV où est accrochée la peinture bolonaise du XVIIe siècle – Annibale Carrache, Francesco Albani, Le Guerchin, Guido Reni –, qui ne doit pas faire oublier les fresques de la voûte exécutées en 1624 par Giovanni Lanfranco. Dans la petite salle XIX, ses grandes huiles (Orco, Norandino et Lucina) sont confrontées à celles de Domenichino (La Chasse de Diane). Attention, pour des raisons de sécurité, le nombre de visiteurs est limité et la réservation est désormais obligatoire.

Musée Borghèse, Piazzale Scipione Borghese 5, Rome, tél. 39 6 854 85 77, tlj sauf lundi 9h-19h (10h-17h à partir d’octobre), dimanche et jours fériés 9h-13h, entrée 10 000 lires (34 F).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Le Musée Borghèse est enfin rendu aux Romains

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