NEW YORK / ETATS-UNIS
À New York, la Frick Collection cherche un refuge le temps de ses rénovations. L’institution est en pourparlers avec le Met pour reprendre le bail du bâtiment Breuer qu’il occupe. Une économie qui serait bienvenue pour ses projets d’agrandissement.
New York. En deux ans, les étendards écarlates du Metropolitan Museum of Art (le Met) ont fait leur place à l’entrée du Met Breuer sur Madison avenue à New York. L’annexe du Met, qui s’est hissée au rang d’institution dans l’Upper East Side, pourrait cependant disparaître plus tôt que prévu, a déclaré vendredi 21 septembre sa vénérable maison mère, à la surprise générale.
L’édifice cubique, construit en 1966 par Marcel Breuer, est investi par le Met depuis 2015 et le déménagement de son propriétaire, le Whitney Museum of American Art, dans le quartier de Chelsea. Locataire pour une durée de huit ans, le Met a toutefois annoncé son intention de quitter le Breuer en 2020 et s’est dit « en discussions » avec la Frick Collection, autre institution new-yorkaise, qui reprendrait pour son compte les dernières années du bail.
La Frick, qui a présenté des plans d’expansion et de rénovation importants en avril dernier, déplacerait ses « collections, expositions, ressources littéraires et programmes éducatifs» dans les 2 700 mètres carrés de galeries du Met Breuer pour la durée des travaux, indiquent les deux intéressés dans un communiqué commun. « Collaborer avec le Met sur cette initiative temporaire dans le bâtiment du Breuer nous permettrait de rester accessibles, à seulement cinq pâtés de maison de distance, à un moment où la Frick serait obligée de fermer complètement ses portes au public », a déclaré Ian Wardropper, directeur de la Frick Collection. Cette négociation, à l’initiative de la Frick, « qui explore depuis ces quelques derniers mois des pistes pour rester ouverte pendant les rénovations », précise Heidi Rosenau, responsable de la communication, porterait sur « à peu près deux ans », estime-t-elle. « Une fois les travaux terminés, nous déménagerons à nouveau toutes nos activités sur la 70e rue », assure la porte-parole, qui souligne qu’il n’est pas question pour les deux structures de partager une programmation commune dans le bâtiment. Pour l’heure, la Frick Collection, connue pour ses Rembrandt, Renoir et autres Goya, n’a pris aucune décision quant aux collections qui pourraient être présentées ou à la façon dont elles seront exposées, prévient prudemment Heidi Rosenau.
Pour le Met, cet accord représenterait une respiration financière non négligeable. Selon les informations du New York Times, la Frick Collection pourrait soulager son voisin de 45 millions de dollars au total. Une somme qui permettrait au Met de rouvrir le douloureux dossier de l’aile Lila Acheson Wallace, dite sud-ouest, dont les projets de construction avaient été reportés en juin 2017, alors que le musée traversait une période de crise malgré une fréquentation en hausse. La rénovation de ces galeries consacrées à l’art moderne et contemporain, alors perçue comme un gouffre financier, aurait coûté son poste à l’ancien directeur de l’institution, Thomas Campbell, qui a par ailleurs piloté l’ouverture controversée du Met Breuer. « Il y a deux ans, le choix raisonnable était de donner la priorité aux vastes projets de fond, ce qui nous a enfin permis de commencer à remplacer les verrières des galeries des peintres européens, et de trouver une voie vers un budget équilibré », justifie Daniel Weiss, PDG du Met. « Avec ces travaux bien avancés et l’arrivée de Max [Hollein, nouveau directeur du musée, ndlr], nous sommes désormais prêts à travailler sur les plans de l’architecte David Chipperfield pour étendre et améliorer les galeries d’art moderne et contemporain », promet-il.
Le projet, qui devait coûter 600 millions de dollars à l’institution, a toutefois été revu à la baisse et serait estimé à 500 millions de dollars, révèle le quotidien new-yorkais. Le musée reste toutefois vague sur ses projets. « Nous nous sommes engagés à ce que l’art moderne fasse partie du Met d’une façon variée et conséquente en concentrant notre énergie sur le bâtiment de la Cinquième avenue, que ce soit dans l’aile Lilac Acheson Wallace ou dans le reste du musée », insiste Max Hollein, qui décrit le Met Breuer comme « un laboratoire formidable pour des expositions avant-gardistes ».
Depuis l’ouverture de son annexe sur Madison avenue, le musée a notamment fait parler avec son exposition « Unfinished », qui présentait les œuvres inachevés d’artistes de la Renaissance à aujourd’hui.
Parmi les pistes évoquées pour inclure des productions plus récentes au Met, le directeur envisage d’exposer des installations contemporaines dans « les espaces communs » et d’exploiter la façade du musée. « Notre bâtiment permet aux visiteurs de communiquer avec l’art. Quoi de mieux que la façade de notre bâtiment iconique et de nos espaces communs majestueux pour cela ? », commente Max Hollein.
Si la Frick Collection et le Met parviennent à trouver un accord pour parfaire leurs projets respectifs, moyennant dans un cas l’approbation des plans d’expansion de la résidence Frick par les autorités new-yorkaises et dans l’autre, une donation suffisamment généreuse pour assurer les travaux de l’aile sud-ouest, le Met Breuer sera déserté en 2024. Le Whitney Museum, toujours propriétaire du lieu, n’a cependant pas souhaité communiquer sur ses projets après cette date.
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Le Met cède le Breuer à la Frick collection
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°508 du 5 octobre 2018, avec le titre suivant : Le Met cède le breuer à la frick collection