Le parcours du château des ducs de Wurtemberg présente une muséographie immersive où le numérique et l’audiovisuel dominent.
Montbéliard (Doubs). Situé sur un éperon rocheux, le château de Montbéliard abrite un monument historique, un musée aux collections très diverses et plusieurs bâtiments en reconversion parmi lesquels les archives municipales. Des travaux de rénovation et de réhabilitation sont prévus pour durer jusqu’en 2030, pour un montant qui avoisine les 30 millions d’euros, indique la maire, Marie-Noëlle Biguinet. Une première phase de travaux vient de s’achever en décembre 2024 avec la réouverture du circuit historique dans le château et une partie du chemin de ronde, ainsi que des remaniements importants, précise la directrice du château, Cécile Rey-Hugelé. Le précédent circuit datait des années 2000, et il fallait en revoir « le contenu scientifique et la scénographie » car les recherches historiques récentes ont livré des résultats intéressants sur l’occupation du château à différentes périodes. Restitué à la France en 1793 après quatre siècles de domination des ducs de Wurtemberg, le château ne possède en effet qu’une partie de ses propres archives, la majorité d’entre elles se trouvant à Stuttgart (Allemagne). Le nouveau circuit historique tient compte des apports de ces documents.
Si les fondations du château datent du IXe siècle, les bâtiments remontent pour la plupart au XIIe siècle et surtout au XVIe siècle, période d’expansion du château. Le parcours, long d’une vingtaine de salles, s’en trouve donc contraint, car les visiteurs doivent emprunter de nombreux escaliers, parfois en hélice, et monter et descendre plusieurs dizaines de marches : Cécile Rey-Hugelé relève qu’en l’état le parcours est accessible aux personnes à mobilité réduite « à 50 pour cent », soit le maximum possible étant donné les contraintes du bâtiment. Hormis les espaces exigus et les marches typiques d’un château médiéval, le circuit se révèle agréable à parcourir, car le contexte historique et la médiation numérique ont été privilégiés aux objets. Ainsi plusieurs salles contiennent-elles des écrans verticaux où des personnages joués par des comédiens racontent des anecdotes historiques attestées dans les archives, comme le mariage d’Henriette de Montfaucon avec le comte de Wurtemberg en 1407, raconté à la première personne.
Le soin apporté aux décors et aux costumes dans ces vidéos attire l’œil, avec une esthétique presque picturale qui s’accorde à l’atmosphère du château. Dans la salle consacrée à la Préhistoire et à l’Antiquité, une table numérique inspirée des anciens plans-reliefs montre en quelques minutes, de manière synthétique, l’évolution du site et les transformations du paysage environnant. Quelques objets et documents disséminés ici et là soutiennent le propos historique et la chronologie, à l’exemple d’une belle statue de Vierge en albâtre (XVe siècle) « restaurée spécialement pour le nouveau parcours », souligne Cécile Rey-Hugelé, qui ajoute que celui-ci contient « volontairement moins d’objets ».
Ce nouveau circuit comporte aussi des espaces auparavant fermés à la visite, dont la terrasse sud désormais aménagée, et les cuisines du château : cet espace permet d’exposer de la vaisselle et des reproductions de plats du XVIe siècle, « avec une dose de fiction » précise la directrice, qui évoque la vidéo où le cuisinier du duc de Wurtemberg fait la liste des denrées en réserve au château, dans un décor de nature morte.
S’agissant des XVIIe et XVIIIe siècles, les salles présentent des tableaux et du mobilier qui recréent l’atmosphère des intérieurs protestants puis des salons de l’époque, avec un travail assez fin sur l’éclairage et la musique.
Le cabinet de curiosités situé dans une salle ronde exhibe en son centre une vitrine hexagonale, remplie de minéraux rares, nids d’oiseaux calcifiés et plantes exotiques. Toutes ces pièces ne sont pas issues des collections du château mais elles contribuent au sentiment d’« authenticité » du parcours. Enfin les enfants peuvent suivre un parcours à leur hauteur, avec des cartels cachés derrière des trappes qui les incitent à observer ou à imaginer la vie des personnages cités.
Ce remaniement apparaît donc globalement réussi, d’autant que l’ensemble bénéficie d’une harmonie chromatique grâce à des planchers neufs et des décors de scénographie en bois dans les mêmes tons : chaque salle a son code couleur dans une nuance de bois clair. La prochaine étape des travaux, qui devrait commencer en 2026, concerne la partie musée du château (500 000 pièces dans les collections), ainsi que l’aménagement des réserves et la création de salles d’exposition temporaire.
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Le château de Montbéliard ouvre un nouveau circuit historique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : Le château de Montbéliard ouvre un nouveau circuit historique