HONG KONG / CHINE
Quelle est la genèse du projet du « M+ » ?
En 1998, avec des visées touristiques en perspective, Hongkong a pris conscience de son manque de lieux culturels, et en particulier d’un musée de premier plan. Un appel à projet fut lancé auprès de promoteurs immobiliers et un lauréat fut désigné en 2005. Mais cette décision a entraîné de nombreuses protestations, dénonçant notamment le fait que la culture ne soit pas le moteur d’un tel projet. Une nouvelle réflexion a été lancée en 2006 à partir de ce dont Hongkong avait réellement besoin, et la nécessité d’un musée s’est imposée comme principale priorité. Un nouveau processus de sélection a été lancé qui a abouti au vaste projet du « West Kowloon Cultural District », qui comprend le M+ mais pas seulement.
Comment a évolué la réflexion sur la conception d’une structure muséale pendant ce laps de temps et comment s’inscrit-elle dans l’offre culturelle existante à Hongkong ?
Le projet avancé en 2010 a en premier lieu été pensé pour la population de Hongkong et pas seulement pour les touristes, dans un contexte où la société asiatique est devenue plus active en matière culturelle. Il s’inscrit dans un écosystème sain, dynamique et intéressant, avec des lieux tels Asia Art Archive, le centre d’art Para Site ou le projet de « Central Police Station » à venir. Je n’ai pas voulu penser le « M+ » comme un outil pour sauver le monde, mais comme un élément faisant partie d’un écosystème. Vous ne pouvez pas faire les choses tout seul, et une bonne dynamique est en train de se mettre en place : Para Site vient d’emménager dans un espace plus grand, Asia Art Archives cherche également un nouveau lieu. Il y a à Hongkong plusieurs secteurs occupés par des hangars et de sites industriels, à Chai Wan et Wong Chuk Hang en particulier. Ce dernier quartier a vu s’installer Spring Workshop et de nombreuses galeries qui ouvrent aussi des espaces non commerciaux, ce qui rééquilibre l’offre culturelle sur le territoire.
Le fonctionnement et le financement des structures culturelles à Hongkong n’apparaissent pas toujours très clair…
Le modèle de musée que nous construisons avec le M+ est nouveau, et sans doute va-t-il contribuer à rationaliser le mode de fonctionnement de nombre de structures, qui souvent n’est pas clair, il est vrai. Si vous prenez l’exemple du Hong Kong Arts Centre, il est fondé sur un modèle hongkongais qui mélange les genres. La fondation qui le gère loue certains étages à des entreprises. Quant aux espaces d’exposition, ils accueillent parfois le programme du centre d’art, ou des manifestations d’autres structures à but non lucratif, ou sont tout simplement loués. C’est le cas au Cattle Depot Artists Village. Mais les mentalités évoluent sur ce qu’est un lieu d’exposition, et les nouvelles initiatives qui vont voir le jour auront une meilleure compréhension de qui est le conducteur d’un projet, et de la nécessité de la transparence et de l’intégrité. La situation devient plus mature.
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Lars Nittve : « Le M+ s’inscrit dans un écosytème »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°433 du 10 avril 2015, avec le titre suivant : Lars Nittve : « Le M s’inscrit dans un écosytème »