La réalité aux mains des artistes du Nord

Relayé par un désir d’exotisme qui apportait une compréhension élargie du monde et l’évolution des sensibilités sociales, l’ars nova a permis aux peintres du Nord de se libérer des contraintes de la seule production d’images de dévotion. Le profane prenant le pas sur le sacré, les artistes ouvraient leur curiosité aux réalités de la vie quotidienne de la bourgeoisie comme de la domesticité, le prosaïsme et la rusticité étant aussi source d’inventions renouvelées. À côté de la peinture d’histoire, le grand genre, ils prenaient désormais pour sujets le paysage, le portrait, la scène d’intérieur ou encore la nature morte. Entre Frans Floris et Ferdinand Bol, Osias Beert et Jan Wijnants, la sélection des tableaux incite à comparer les approches flamandes et hollandaises et les courants esthétiques qui traversent les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies. Dans chacun des quatre grands espaces qui structurent le parcours, se combinant avec celles des anciens maîtres, les œuvres de cinq créateurs contemporains interrogent le regard par la réinterprétation qu’ils en font. Anachronisme, fiction, utopie, humour, voire vanité, on voit que les thèmes d’hier ne manquent pas d’inspirer des traductions modernes, d’un intérêt inégal, mais toutes audacieusement décalées.