Le Musée des arts décoratifs de Bourges s’attaque enfin aux insectes xylophages.
BOURGES - Le musée municipal des arts décoratifs de Bourges, situé dans un superbe hôtel particulier du XVIe siècle, a fermé ses portes au public le 8 décembre 2014 et ne rouvrira qu’en juin 2015. Cette période sera consacrée à neutraliser les vrillettes, petits coléoptères foreurs de bois, qui font des ravages dans les collections. « On a détecté le problème en 2013 », explique Pierre-Antoine Guinot, chargé du patrimoine et du tourisme de la Ville. Pied désolidarisé du reste d’un bureau, galeries creusées dans un cabinet… les dégâts – pour certains irréversibles — observés sur un grand nombre d’œuvres exposées ou placées en réserve sont si importants qu’il semble difficile de croire que ceux-ci n’aient pas été remarqués plus tôt. Plusieurs sources nous le confirment : la découverte de vrillettes dans les collections remonterait plutôt à une dizaine d’années. Pire, l’infestation toucherait l’ensemble des musées municipaux de la Ville, qui conservent 50 000 objets. Si la municipalité a longtemps fermé les yeux sur le problème, l’idée est aujourd’hui d’appliquer « un traitement de choc » selon les mots de Pierre-Antoine Guinot.
Un fléau courant
Les équipes du musée, épaulées par des spécialistes, passeront les œuvres au peigne fin jusqu’à la mi-janvier afin d’évaluer les dégâts. Les pièces infestées ou suspectées de l’être seront ensuite traitées par anoxie, placées dans des bulles hermétiques et privées d’oxygène pour anéantir insectes, larves et œufs. Une opération qui pourra s’effectuer à l’intérieur ou à l’extérieur du musée selon la taille des objets. Des pièges pour insectes volants seront appliqués et des fusées sèches diffusées tandis que certains objets – les plus précieux ou les moins fragilisés structurellement – partiront en restauration.
Bêtes noires des conservateurs, les insectes xylophages n’épargnent pas les musées. « En existe-il un qui ne possède pas ce genre de locataires ? », ironisent plusieurs professionnels. Heureusement, selon Alain Renard, restaurateur spécialisé dans les désinfections anoxiques, la prise en charge de ces nuisibles par les institutions « est de mieux en mieux gérée ». « Le récolement décennal obligatoire est l’occasion de se pencher sur l’ensemble des œuvres, parfois sans intérêt muséographique, et d’établir des diagnostics », explique-t-il. Mais, si nombreux sont les musées à assainir l’ensemble de leurs collections au moment (par exemple) de leur déplacement dans de nouvelles réserves, certains petits musées, délaissés par leur tutelle et confinés dans la vétusté, se font dévorer de l’intérieur.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La grande invasion
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : La grande invasion