La donation Zao Wou-Ki

Entre le Musée de l’hospice Saint-Roch et Zao Wou-Ki, c’est une longue histoire. L’établissement d’Issoudun vient en effet de recevoir sa troisième donation liée à l’artiste. En 2008, une encre avait été donnée dans le sillage de sa première exposition entre ces murs, puis, en 2015, deux ans après sa disparition, sa veuve avait fait don de la collection personnelle du peintre composée de 90 œuvres de ses amis. Un fonds formidable où se côtoient entre autres Soulages, Michaux et Vieira da Silva.

Cette nouvelle donation aborde une tout autre facette de son travail : l’œuvre gravé et imprimé. Françoise Marquet-Zao a ainsi offert à l’établissement un ensemble exceptionnel s’échelonnant de 1949 à 2008 et représentant les trois quarts de la production inventoriée dans le catalogue de l’artiste publié en 1995 et complété en 2000. Au total, ce fonds rétrospectif comprend 369 estampes, dont 182 épreuves, 157 planches issues de 27 livres de bibliophilie avec leur suite, ainsi que trois matrices.

Figure phare de l’abstraction lyrique et de la seconde école de Paris, Zao Wou-Ki est surtout connu pour sa peinture gestuelle colorée et atmosphérique. Toutefois, l’artiste, né en Chine en 1920, a pratiqué l’estampe en parallèle tout au long de sa carrière. Passionné par la gravure, il a beaucoup expérimenté et s’est illustré dans diverses techniques : la lithographie, la pointe sèche, mais aussi l’eau-forte sur zinc qu’il a travaillée avec Friedlander, un des maîtres contemporains de cet art.

Ce fonds se dévoile au cours d’une exposition organisée du 17 juin au 30 décembre 2023. Elle propose une sélection de 170 œuvres selon un parcours chronologique. À cette occasion, les livres de bibliophilie, post-1995 et donc non inclus dans le catalogue raisonné, seront exposés pour la première fois dans leur ensemble. Une salle consacrée aux techniques de l’estampe présentera par ailleurs les différentes étapes de la lithographie et de l’eau-forte, ainsi que les outils de l’artiste.

Cette donation d’envergure vient saluer les relations privilégiées entre Issoudun et Zao Wou-Ki, et plus largement l’engagement depuis trois décennies du musée en faveur de la seconde école de Paris et de l’estampe contemporaine. Un positionnement singulier qui a permis à l’établissement de faire entrer dans ses collections plusieurs fonds monographiques : Cécile Reims, Hans Bellmer, mais aussi la collection Bram Van Velde et le fonds de gravures de Robert Müller, exposé jusqu’au 8 mai 2023.