La directrice du musée madrilène entend entièrement réorganiser l’accrochage de la collection de l’institution, qui dispose dorénavant de deux bâtiments.
MADRID - Le Musée national-Centre d’art Reina Sofía est mort. Vive le Musée national Reina Sofía ! Depuis la nomination, voilà un an, d’Ana Martínez de Aguilar à sa tête, l’institution madrilène fait l’objet d’un réaménagement de grande ampleur. Présenté au mois de juin, le futur projet muséographique a été approuvé à l’unanimité par le comité directeur du musée, présidé par la ministre espagnole de la
Culture, Carmen Calvo. Mais il a en même temps suscité la colère d’artistes, de galeristes et de critiques d’art, qui redoutent que le changement de nom et l’accent porté sur le réaccrochage de la collection permanente n’aillent au détriment de l’attention déjà faible portée par l’institution à l’art actuel.
Réalisée par Jean Nouvel, une extension du bâtiment a été inaugurée le 26 septembre, avec un an de retard et un dépassement du budget de 22 % (92 millions d’euros contre les 75 millions prévus). L’édifice, qui porte le nom de son auteur, dispose de près de 27 000 mètres carrés (augmentant de plus de 65 % la surface actuelle), qui abriteront deux grandes salles destinées aux expositions temporaires, une grande bibliothèque, un centre de documentation, une librairie spécialisée, deux auditoriums polyvalents, des ateliers de restauration et des réserves. Cette nouvelle construction marque aussi le lancement du projet de rénovation de l’édifice d’origine conçu par l’architecte Sabatin, dont le coût est estimé à 32 millions d’euros. Les quatre étages de la structure originelle vont pouvoir abriter la collection permanente du musée, dont 700 œuvres seront présentées, soit 200 de plus qu’auparavant. L’accrochage s’inspirera de celui du Musée Thyssen-Bornemisza, également à Madrid, et sera chronologique, du dernier au premier étage. Aux œuvres de Pablo Picasso, qui reste « l’axe vertical du musée », s’ajouteront d’autres « pôles dominants », comme Juan Miró et Salvador Dalí, mais aussi José Gutiérrez Solana, Joaquín Sorolla ou Juan Gris. Reste encore à définir la date charnière pour la répartition des œuvres entre le Prado et le Reina Sofía. Ana Martínez de Aguilar souhaite qu’elle soit portée à 1900 et non plus 1881, seuil actuel fixé par une loi. En Espagne, cette attention importante portée par la directrice à la collection permanente irrite. Les professionnels du monde de l’art contemporain lui reprochent en effet de délaisser l’art actuel, pour lequel a été conçu le musée. « C’est une interprétation erronée de ce projet, qui prévoit, au contraire, la création d’un département consacré à l’art postérieur aux années 1980, ainsi qu’une augmentation de l’espace et du budget alloués à la section vouée à la vidéo et aux nouveaux médias.
De plus, aussi bien le Palacio de Cristal que le Palacio de Velázquez organiseront des expositions d’art contemporain », a répliqué Ana Martínez de Aguilar.
L’institution restera ouverte au public pendant les différentes étapes de la rénovation, prévue sur quatre ans. Sur le plan architectural, la façade devrait retrouver ses tons rouge, rose et gris d’origine, et les espaces négligés de l’ancien hôpital seront mis en valeur. L’agrandissement du musée permettra d’exposer les collections de vidéos, d’architecture, de céramiques et de joaillerie actuellement conservées dans les réserves. Par ailleurs, la subvention de l’État va fortement augmenter, pour passer de 48,4 millions d’euros en 2005 à 65,4 millions en 2006.
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Jean Nouvel agrandit le Musée Reina Sofía
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°222 du 7 octobre 2005, avec le titre suivant : Jean Nouvel agrandit le Musée Reina SofÁa