FONTAINEBLEAU
Le vaste bureau est de plain-pied avec la grande cour vide du Cheval-Blanc. Le mobilier néoclassique ne semble pas avoir changé depuis des siècles. Un rayon de soleil d’hiver traverse paresseusement la fenêtre. Le château de Fontainebleau est à cinquante kilomètres de l’effervescence ouatée des cabinets ministériels et cela se sent. Le nouveau maître des lieux, qui ont vu passer huit cents ans d’histoire, énumère les opportunités de développement du château avec un enthousiasme non feint.
L’homme de confiance des ministres Léotard et Albanel
Jean-François Hebert y retrouve le « temps du commandement », comme il aime à le dire celui du colonel, patron de son unité avant qu’il ne passe général dans un bureau d’état-major. Le temps de l’autonomie et de l’action concrète. Cette référence militaire n’est pas anodine. L’ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA) aura passé près de dix ans au ministère de la Défense, conseillant les différents ministres qui s’y sont succédé. Une longue parenthèse entre un premier passage au cabinet du ministre de la Culture et la présidence, de 2002 à 2007, de la Cité des sciences.
Comme toujours dans ces histoires-là, ce sont des rencontres qui provoquent ces changements d’aiguillage. Ici, c’est François Léotard, avec qui il a travaillé à la Culture, qui lui a demandé de le suivre à la Défense. L’homme l’attire, moins pour son versant crocodile politique que pour son épaisseur humaine et spirituelle d’ancien bénédictin.
Ses fonctions transversales dans les deux ministères lui ont permis de brasser large, horizontalement, de découvrir de nouveaux domaines, de faire des rencontres. Mais il aime tout autant la verticalité, entendez le travail en profondeur sur un dossier, un héritage de son expérience d’auditeur à la Cour des comptes.
Et puis de mai 2007 à juin 2009, il dirige le cabinet de Christine Albanel : un véritable engagement. Des horaires sans fin, la pression du quotidien, il fait corps avec son ministre, essaie de la protéger des attaques, tient la maison quand elle est en déplacement. Huit mois après, il a à cœur de défendre le bilan de l’ex-ministre, rappelant les nuits de travail et révélant au passage qu’elle savait dire non au président Nicolas Sarkozy.
Les douze travaux d’Hebert au château de Fontainebleau
Il faut le voir s’impliquer sur le terrain : des guirlandes lumineuses dont il a voulu qu’on habille les arbres de la grande cour pour Noël jusqu’à la carte de vœux soigneusement étudiée. Il y a tellement de choses à faire à Fontainebleau. D’abord définir une identité pour le lieu et la communiquer plus fortement. Ensuite, « mettre en mouvement le public », regagner la fréquentation perdue en 2009 et aller au-delà. Pour cela, il compte mettre en place une programmation d’expositions temporaires qui s’appuie sur les fondamentaux du château : la Renaissance française et les deux Napoléon.
Dans le même temps, il est urgent d’établir un état technique des lieux, de dégager des priorités et de proposer un schéma directeur. Mais il est tout aussi indispensable de revoir le circuit de visite avec un effort particulier sur la lisibilité et la pédagogie. Ouf ! À 53 ans, ce tout jeune grand-père, père de quatre enfants, veut mettre son équipe dans les pas de Versailles. Mais comme tout stratège, il garde une position de repli à Paris, rue de Valois, où il est en charge de la réflexion sur le futur musée d’Histoire de France.
1955
Naît à Paris.
1981
Auditeur à la Cour des comptes.
1986
Cabinet de Léotard.
1993-2002
Ministère de la Défense.
2002-2007
Cité des sciences et de l’industrie.
2007-2009
Directeur du cabinet d’Albanel.
Sept. 2009
Président de l’Établissement public du château de Fontainebleau.
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Jean-François Hebert - Un « colonel » à Fontainebleau
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Abonnez-vous dès 1 €Musée et domaine nationaux du château de Fontainebleau, www.musee-chateau-fontainebleau.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : Jean-François Hebert - Un 'colonel' à Fontainebleau