MALINES (BELGIQUE) [27.11.12] – Situé sur le site de la caserne Dossin, ancien camp de transit utilisé par les nazis lors des déportations juives, ce nouvel espace qui cumule les fonctions de musée, mémorial et centre de documentation vient d’être inauguré par le roi des Belges.
Lundi 26 octobre le roi Albert II de Belgique inaugurait sur le site de la caserne Dossin, à Malines, le Kazerne Dossin, mémorial, musée et centre de documentation sur l’Holocauste et les droits de l’homme. Ce nouvel espace dont la construction est estimée à 25 millions d’euros a été entièrement financé par les autorités flamandes. « Nous démontrons ainsi que cette partie de l'Histoire est très importante pour nous » a déclaré à ce sujet le ministre-président flamand Kris Peeters. Un symbole fort, qui confirme la position de la Belgique qui a récemment présenté – par la voix de son premier ministre Elio Di Rupo - ses excuses officielles pour le rôle joué par certaines autorités dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Du fait qu’elle était directement reliée au réseau ferroviaire belge, la caserne Dossin va rapidement devenir une position stratégique des nazis dans leur mise en place de la solution finale. Entre 1942 et 1944, plus de 25 500 juifs et 352 tziganes de Belgique et de la région française Nord-Pas-de-Calais passeront par ce camp de transit après avoir été raflés ou arrêtés individuellement. Les futurs déportés restaient généralement deux ou trois mois sur place avant d’être conduits vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Sur les 28 convois bondés qui partiront à destination des camps de la mort, seuls 5% des individus passés par Malines survivront. La caserne Dossin abritait depuis 1995 le Musée juif de la Déportation et de la Résistance.
Mais la transformation d’une grande partie de la caserne en zone résidentielle au cours des années 1980 avait rendu toute tentative d’expansion de l’espace muséal impossible. Cette institution gérait un des fonds d’archives relatives à la déportation des juifs les plus importants du monde. Une partie de ces archives - qui ont déjà fait l’objet d’une publication en 2009 – ont été numérisées et viendront enrichir les collections du nouveau musée.
Conçu par l’architecte flamand Bob Van Reeth, le Kaserne Dossin se présente sous la forme d’un bâtiment cubique, très blanc, très sobre et dont les murs ne présentent aucune ouverture. Vu de loin le mémorial a des airs de mausolée, et c’est précisément là son but. L’architecte s’est directement inspiré des traitements infligés aux juifs pendant leur déportation. Des renfoncements rectangulaires dans la façade blanche symbolisent des fenêtres murées. Le portail d’entrée du musée est une énorme porte coulissante au métal déjà oxydé qui rappelle les portes des wagons à bestiaux utilisés pour le transport des déportés. De même, l’espace muséal du bâtiment correspond à celui des wagons utilisés durant les 28 convois qui partirent de Malines pour rallier Auschwitz-Birkenau.
S’agissant de la muséographie, le bâtiment s’articule sur quatre niveaux. Le rez-de-chaussée, intitulé « la masse » revient sur la montée de l’antisémitisme et montre comment, en jouant sur des notions de peur et de rejet de l’autre, les foules ont pu se laisser lentement convaincre, jusqu’à tolérer que l’on bafoue les libertés fondamentales de milliers de personnes. Le deuxième étage a pour thème « l’angoisse de l’occupation ». Par le biais d’écrans tactiles disposés le long des murs, les visiteurs ont accès à une multitude de documents numérisés, photographies, témoignages écrits et audio, carnets d’écoliers, rapports de police etc. Le troisième niveau traite directement de « la mort ». Les photographies de femmes et d’enfants en route vers la chambre à gaz y sont exposées, de même que les portraits de familles entièrement décimées. Le quatrième niveau est quant à lui réservé aux expositions temporaires. Mais il représente aussi une fin du parcours plus « douce » ou le visiteur pourra se remettre des émotions engendrées par ce qu’il aura observé dans les trois premiers étages. Pourvu d’un toit vitré, le quatrième niveau est le seul espace du musée qui est baigné par la lumière du jour, formant un contraste saisissant et voulu avec les trois premiers niveaux étant conçus comme « un mausolée opaque ».
Le nouveau musée ouvrira officiellement ses portes au public le premier décembre 2012.
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Inauguration du musée de l’Holocauste et des droits de l’homme de Malines
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Abonnez-vous dès 1 €Cour de la Caserne Dossin de Malines, Belgique - © Photo JMDV - Fonds Kummer - 2012 - Licence CC BY 3.0